Le pouvoir veut-il faire de la prochaine Assemblée un CNT élu? C'est ce que nous sommes en train de constater en voyant la «bonne» campagne qu'effectuent certains petits partis sur le terrain. Il y a quelques mois, ces partis n'existaient même pas, aujourd'hui, ils font la «une» du journal télévisé, considéré comme la messe des médias, et apparaissent dans tous les journaux. Mais, qu'est-ce qui motive ces partis pour se lancer dans une campagne électorale déjà marquée par le boycott et la démobilisation des principaux partis de l'opposition? D'abord, ces partis ont un avantage sérieux et non négligeable. Ils n'ont rien à se reprocher sur le plan politique, car ils n'ont pas participé à la précédente législature, qui avait été marquée par plusieurs échecs politiques et de gestion de la part des députés. Ces «micropartis», qui se retrouvent au grand bonheur de l'administration représentés dans presque 40 wilayas, alors qu'ils étaient il y a seulement quelques jours en panne de base populaire et électorale, profitent, en fait, de la défaillance du FFS, du RCD et même de l'ANR ou encore des partis El-Badil de Haïder Bendrihem, le FD de Sid Ahmed Ghozali, Essabil d'Ali Rachedi, le MLD de Djillali Sofiane qui ont décidé de ne pas participer aux législatives. Mais ce qui conforte aussi ces petits partis qui montent, c'est la volonté des citoyens de changer de paysage politique. Las des promesses non tenues par les grosses cylindrées de la politique comme le RND, le FLN, et surtout le MSP et Ennahda, ils pourraient décider de sanctionner la classe politique par le vote et offrir la tribune à ces partis. Mais quelle alternative vont offrir ces partis au peuple pour faire remplacer les cinq années d'Assemblée stérile? Certains partis, qui n'avaient obtenu aucun siège lors des élections législatives de 97, sont aujourd'hui presque certains de prendre leur revanche sur l'histoire politique du pays. Le PRA, même s'il n'a pas été convié par la présidence aux rencontres de concertation, est sûr de remporter quelques sièges à l'Assemblée. Le PNSD, autre parti à être resté loin de la scène politique, est réapparu dernièrement animé par une volonté farouche de prendre sa quote-part à l'Assemblée. Son président Taleb Chérif, qui avait animé plusieurs meetings dans le pays, a laissé une bonne impression dans les localités qu'il a visitées et n'hésite pas à se présenter comme candidat du parti à Tizi Ouzou et ce, malgré tous les risques. Comme le PNSD, Mme Mahdjoubi Chalabia, du Mouvement pour la jeunesse et la démocratie, a les mêmes ambitions politiques. Récupérée à chaque échéance électorale, cette femme de caractère n'hésite pas à verser dans le discours populiste pour s'assurer le plus de voix le 30 mai. D'ailleurs, elle a réussi à enrôler plusieurs députés du RND et du FLN qui n'ont pas hésité à rejoindre son parti, à condition d'être placés premier ou second sur la liste électorale. C'est le cas de l'ex-député d'El-Islah, Omar Gherbi qui était très proche de Djaballah et qui a démissionné parce qu'il a été placé second sur la liste de M'sila. Avec Chalabia Mahdjoubi, il a obtenu la tête de liste du MJD dans cette région, avec l'assurance d'être réélu. L'installation de la présidente du MJD dans la commission de surveillance des élections a visiblement «rassuré» certains députés du FLN et du RND exclus des listes électorales de leurs partis qui n'ont pas hésité à monnayer leur place pour adhérer à ses listes. Autre petit parti à rejoindre la cour des grands, le MNJA, d'Amar Bouacha qui commence à mobiliser des masses au gré d'un discours capteur et captif. Tout comme Ali Zeghdoud du Rassemblement algérien qui voudrait bien prendre sa retraite à l'APN. Un autre membre du CNT, à vouloir entrer dans la prochaine Assemblée. Car comme Taleb-Cherif du PNSD, Chalabia Mahdjoubi son époux Hamidou et l'actuel président du MNJA, Amar Bouacha ou Ali Zeghdoud faisaient parti du fameux CNT (Conseil national de transition) créé pour combler le vide constitutionnel. A l'époque, ces chefs de petits partis en ébullition et en panne de carrière politique avaient cautionné l'arrêt du processus et profité des fastes et des largesses de l'Etat. Une question reste tout de même posée: pourquoi ces petits partis, sans base, sans programme et sans grande structure, n'avaient pas disparu lors de l'application de la nouvelle loi sur les partis? Avaient-ils une meilleure assise politique que le MDA d'Ahmed Ben Bella qui avait disparu à l'époque? Il est clair que ces partis continuent à exister malgré toutes les tempêtes politiques pour combler un vide laissé par les partisans du boycott et de l'opposition. Pour l'anecdote, une polémique avait éclaté à l'époque en 1998, entre le MAJD d'Abdelkader Merbah et le MJD de Chalabia Mahdjoubi sur la détournement des cars de militants qui devaient rejoindre leur congrès de mise en conformité à la nouvelle loi sur les partis. Une affaire qui témoigne, si besoin est, de la provenance réelle de cette base préfabriquée de ces petits partis qui montent.