Etudiant établi en France, c'est un acteur et réalisateur aux qualités humaines et artistiques indéniables. Il joue le rôle principal dans le film La Malédiction de Saïd Bellili dont la sortie en DVD est prévue début octobre en France. Larbi Oudjedi s'affirme déjà comme un acteur prometteur. Il nous livre, ici, ses impressions sur le cinéma. L'Expression: Le film La Malédiction dont vous interprétez le rôle principal sort incessamment. Parlez-nous-en un peu. Larbi Oudjedi: Tout a commencé en 2003 à l'université de Béjaïa où j'étais étudiant, quand Saïd Bellili, le réalisateur du film, a organisé un casting à l'issue duquel j'ai été retenu pour jouer le rôle principal. Je n'ai pas hésité à accepter de jouer dans ce film dont le sujet m'a hautement intéressé. Il s'agit d'une histoire d'amour entre deux êtres (Idir et Ferroudja), qui n'a pas survécu aux pesanteurs des traditions kabyles des années 1960. Le père de Idir, pour des intérêts bien plus matériels que sentimentaux, préfère un mariage de raison, alors il a mis fin au rêve de son fils. Ainsi, au lieu de sceller son union par le mariage avec Ferroudja, la fille de ses rêves, Idir prend pour épouse Dahbia, une fille pour laquelle son coeur ne ressent rien. En désespoir de cause, Idir, prend le chemin de l'exil: il se rend en France pour retrouver son frère qui, durant de très longues années, n'a pas donné de ses nouvelles. La malédiction ne lâche pas Idir, même en France, la situation ne connaît pas de dénouement. Ce sont les vicissitudes de la vie de toute une génération que retrace ce film. Les interdits, l'autoritarisme des parents, les traditions, le dénuement social qui pousse les jeunes à émigrer en France pour assurer le pain à leur famille, sont autant de facettes du quotidien des jeunes Kabyles de l'Algérie post-indépendance qui sont reproduites dans ce film. Un film miroir de notre histoire récente: celle des petites gens, loin du microcosme politique d'Alger. Ce film sortira en DVD ici en France à partir du 3 octobre 2008. Des projections de ce film dans quelques salles en France sont également programmées. Vous aviez été sacré meilleur réalisateur de court métrage par Brtv. Qu'en est-il au juste? En effet, en 2005, j'ai réalisé un documentaire pour la télévision. Dans la même année, j'ai participé au concours du meilleur reportage organisé par Brtv avec ce documentaire. J'ai obtenu, effectivement le premier prix de ce concours. Ce court métrage de 26 minutes retrace la situation insolite d'une jeune collégienne de 15 ans qui consomme du gaz butane depuis l'âge de 8 ans. En dépit des efforts surhumains de ses parents et de la collaboration sans faille de son psychologue, cette pauvre adolescente continue de consommer sa «drogue», autrement dit le gaz butane. Dans ce reportage, Fatiha nous a dit son désarroi, ses parents ont émis leurs craintes et son psychologue, son impuissance devant un phénomène à la limite du croyable. La sobriété de la maison familiale de Fatiha, le train de vie modeste de ses parents, sa vie au collège, somme toute très semblable à celle de tous ses camarades, sont restitués dans ce documentaire. J'ai d'autres réalisations cinématographiques mineures que j'ai effectuées ici à Paris, dans le cadre de mes études. Donnez-nous vos impressions sur le cinéma algérien actuellement. Le cinéma algérien est dans un état comateux. Il n'y a pas de production cinématographique digne d'un pays comme l'Algérie. L'infrastructure est en voie de délabrement généralisé: des salles de cinémas qui ferment l'une après l'autre, ou pire encore, celles encore opérationnelles sont détournées de leur vocation qui est la projection de films. L'Etat se désengage complètement de son rôle de promoteur de cet art. Combien de réalisateurs ont abandonné des projets de films par défaut de subventions! Quand on sait qu'un film comme La Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh n'a pratiquement bénéficié d'aucune subvention de l'Etat, il y a de quoi blâmer les pouvoirs publics! Toutefois, il ne faut jamais insulter l'avenir: de jeunes réalisateurs au talent confirmé investissent le terrain en dépit de tous les écueils. L'Etat semble enfin enclin à prendre ses responsabilités, si on veut bien croire la ministre de la Culture qui a promis une véritable politique de promotion du cinéma algérien. Vos projets? Je vais publier incessamment un essai sur une oeuvre cinématographique algérienne en Algérie. En France, je n'ai pas encore trouvé d'éditeur. Dans un proche avenir, je réaliserai un moyen métrage de fiction sociale.