Les citoyens paraissaient surpris et inquiets face à l'évolution radicale de la situation Alors que la grève de la faim entamée par les détenus du mouvement citoyen est à son 12e jour, les principales localités de Béjaïa vivent au rythme de rumeurs sur d'éventuelles actions d'expulsion des chefs de daïra. En effet, ces folles rumeurs étaient hier colportées çà et là donnant lieu à un climat chargé de peur et d'interrogations. Les citoyens paraissaient surpris et inquiets face à l'évolution radicale de la situation. D'où ces interminables interrogations relevées hier sur la véracité de l'information d'autant plus, précisent nos interlocuteurs, que la structure représentant la wilaya de Béjaïa, en l'occurrence la CICB, n'a, à aucun moment, fait état d'une décision allant dans ce sens. Si la revendication concernant la libération des détenus demeure commune aux trois wilayas (Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa) il n'en est pas de même pour les actions de pression décidées par les coordinations en toute autonomie. Ce qui explique, sans doute, ce ton interrogatif relevé chez la plupart de nos interlocuteurs hier. Mais la rumeur était si persistante qu'on est allé jusqu'à douter de la situation au demeurant très critique. La colère née de la répression des dernières manifestations en faveur des détenus ajoutée à la politique des pouvoirs publics dans la gestion de la crise en Kabylie font que rien n'est écarté et que tout peut arriver. D'où cette peur qui anime les citoyens de voir les décisions de Tizi Ouzou appliquées par les populations de Béjaïa sans l'aval de la coordination intercommunale. Contactés par nos soins, de nombreux animateurs ont avoué n'avoir jamais abordé ce sujet. Pour revenir aux détenus, qui sont de plus en plus au centre des préoccupations, leur situation est présentée, par leurs parents, comme critique. Les assurances fournies par la direction de la prison n'ont pas pour autant rendu confiance aux parents des grévistes qui donnaient hier l'impression de sombrer dans un désarroi total. N'ayant pas pu voir leurs enfants et pour ne pas mettre plus de pression, ils ont dû repartir chez eux avec l'espoir d'un déblocage de la situation dans les prochains jours. L'ultime action entreprise par les cinq délégués ne semble nullement émouvoir les pouvoirs publics qui continuent à «tergiverser» dans la gestion de la crise en Kabylie. La stratégie adoptée dans la gestion de la crise suscite de plus en plus de colère qui pourrait s'exacerber dans les prochains jours. Cette colère ne peut être contenue que par de véritables mesures d'apaisement attendues, d'ailleurs, par l'ensemble des citoyens.