Aujourd'hui, trois quarts des lignes frontalières africaines ne sont pas encore définis. Le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) abritera, aujourd'hui, une réunion portant sur le Programme frontières et conflits de l'Union africaine. Organisée par la Commission de l'UA, la réunion mettra ainsi la pleine lumière sur un thème qui ne cesse de préoccuper non seulement les pays africains, mais encore tous ceux qui suivent de très près le développement des événements dans le continent noir. Très au fait des conflits qui minent l'Afrique, Ramtane Lamamra, commissaire à la Paix et la Sécurité de la Commission africaine, mettra l'accent, au cours de cette réunion, sur la problématique des frontières. Il faut reconnaître que les frontières actuelles entre les pays africains sont héritées de la colonisation. Aujourd'hui, la problématique est d'autant plus épineuse qu'elle se met sérieusement en travers de la route des pays comme l'Algérie, qui aspirent à fonder une Union africaine susceptible de venir à bout des conflits qui sévissent encore en Afrique. Selon les estimations citées dans le rapport de la réunion des experts gouvernementaux de l'UA, tenue à Addis Abéba, les 4 et 5 juin 2007, «moins d'un quart des lignes frontalières africaines sont aujourd'hui définies». Pour les pays membres de l'Union africaine, cette situation est porteuse de risques. D'autant que «l'absence de délimitation et de démarcation des frontières engendre l'existence de ´´zones floues´´ à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale peut se révéler problématique, et constitue une entrave réelle à l'accélération des processus d'intégration». Cette situation n'est pas sans créer des litiges entre les pays africains, dont les frontières sont mal définies ou pas acceptées par telle ou telle autre partie. Ce sont, en outre, les réseaux des crimes organisés qui en profitent pour semer le trouble dans ces régions. C'est justement cette situation qui fait que le continent noir est, aujourd'hui, assujetti à tous les genres de conflits. Dans une déclaration émise à l'issue de la Conférence des ministres africains chargés des questions des frontières, tenue à Addis Abeba (Ethiopie), en juin 2007, les initiateurs du Programme frontières de l'Union africaine, ont demandé à la Commission de l'UA «de coordonner la mise en oeuvre de ce Programme, qui a pour objectif général la prévention structurelle des conflits et la promotion de l'intégration régionale et continentale et, de manière plus spécifique, la facilitation de, et l'appui à, la délimitation et la démarcation des frontières africaines qui ne l'ont pas encore été». Aussi, ces mêmes responsables ont-ils appelé au «renforcement des dynamiques d'intégration mises en oeuvre dans le cadre des Communautés économiques régionales et d'autres initiatives régionales de coopération de grande ampleur». Cependant, les décisions et les déclarations suffisent-elles pour mettre fin à des conflits meurtriers dont est victime le contient africain? D'aucuns répondront par la négative. Il n'en reste pas moins que la question des frontières a été examinée et a semblé avoir été résolue lors de la création de l'OUA (Organisation de l'Unité africaine) en 1963, laquelle a fait du respect des frontières héritées à l'indépendance un principe intangible, auquel tous les Etats membres y ont souscrit (y compris le Maroc, membre fondateur de l'OUA). Cependant, beaucoup de pays, à commencer par le Maroc, ont remis en cause ce principe, participant ainsi à créer des foyers de tension qui mettent en danger l'intégrité même du continent africain. Aussi, il est question de renforcer les pouvoirs de l'Union africaine pour qu'elle soit capable d'imposer ses décisions et tenir tête aux partisans de «guérillas», qui se nourrissent de financements de provenance «inconnue» et qui maintiennent ainsi le désordre et l'instabilité en Afrique.