L'argent amassé dans les différents trafics est réinjecté ou blanchi dans l'immobilier. Ça carbure dangereusement au niveau des zones frontalières. Pas moins de 134.000 litres de carburants ont été saisis durant les seuls deux derniers mois, à travers les frontières Est et Ouest du pays, selon les statistiques du commandement de la Gendarmerie nationale. Le phénomène de la contrebande de carburants a atteint un pic alarmant. Cette quantité représente une valeur globale de plus de 2,5 millions de dinars. Ce trafic a pris des proportions importantes surtout dans les régions frontalières Ouest du pays. Les 6 et 7 février derniers, les gardes-frontières et les gendarmes de la brigade de Maghnia (Tlemcen) ont saisi une quantité de 4144 litres de carburant, abandonnés par des contrebandiers sur la bande frontalière. Entre le 4 et 6 février, une quantité de 9906 litres de carburant a été découverte le long des mêmes tracés frontaliers. Encouragés par la nouvelle augmentation des prix des produits énergétiques et du carburant dans les pays voisins dont celle entrée en vigueur le 2 juillet dernier en Tunisie, de nombreux contrebandiers de l'est du pays ont versé dans ce trafic. Les régions Est du pays, connues jusque-là pour être versées dans la contrebande du cheptel et des denrées alimentaires, se mettent à l'exportation frauduleuse de carburant. Les gardes-frontières d'El Ayoune et les gendarmes des brigades de Boulhaf Dyr et Oum Ali, dans la wilaya d'El Tarf, en patrouille, ont récupéré 2 véhicules de marque Land Rover, 5872 litres de carburant ainsi que 550 dinars tunisiens. La recrudescence de ce type de trafic est du reste confirmée. Les trafiquants évoluent en terrain conquis. Ce trafic ne pourrait exister s'il n'y avait pas des complicités à tous les niveaux. En fait, ces trafiquants paient des impôts, même si ce n'est pas à qui de droit. Certaines sources soutiennent, à ce sujet, que des gens aisés de l'est du pays, du Centre et du Centre-ouest ont acquis des semi-remorques et loué des maisons à Maghnia et dans la périphérie pour «exporter» du carburant vers le pays voisin. Selon d'autres informations, un groupe de repentis du nord du pays, convertis entre-temps dans le business, a pris position dans cette même bande frontalière au cours de l'année écoulée. Il ressort, en outre, du bilan 2009 de la lutte contre le crime organisé, communiqué par le Commandement national de la gendarmerie, que le trafic de carburant a connu une hausse dépassant les 32% comparativement à 2008. Plus de 1,5 million de litres de carburant destiné à la contrebande, à destination du Maroc et de la Tunisie, ont été saisis courant 2009 par les gendarmes. Toutefois, durant le premier trimestre de l'année 2008, une quantité de 220.173 litres d'une valeur globale de 4,1 millions de dinars a été saisie par les Douanes algériennes. Le manque à gagner pour le Trésor public se chiffre en milliards de dinars. On ne le répètera jamais assez, les réseaux organisant ce trafic tous azimuts, ont des ramifications internationales et des connexions avec les groupes terroristes. Ces derniers constituant une zone de «no man's land» et menacent la stabilité et la sécurité nationale et portent atteinte à l'économie du pays. La contrebande a saisi l'occasion de l'approche de la fête liée à la naissance du Prophète (Qsssl), pour introduire d'importantes quantités de pétards. En effet, 14.505 pétards ont été saisis avant-hier, par les gendarmes à Alger. Une autre quantité de 18.279 pétards en provenance de la contrebande a été récupérée à la même date, à Aïn Defla et Mila tandis que 1426 autres ont été récupérés à Ténès dans la wilaya de Chlef. Auparavant, soit entre le 12 et le 15 février derniers, pas moins de 60.494 pétards ont été saisis à travers les territoires des trois wilayas de Chlef, Biskra et Boumerdès. Le tabac à chiquer figure aussi parmi les produits introduits par la contrebande. Les gendarmes de la brigade de Ksar El- Abtal (Sétif) ont interpellé 2 personnes à bord d'un camion, transportant 8 quintaux de tabac à chiquer, sans facture, durant la journée du 15 février dernier. Le 5 du même mois, 2 autres quintaux de tabac à chiquer sans facture ni registre du commerce ont également été saisis à Sétif. Outre le cannabis, les munitions, les armes de guerre et la cigarette, les contrebandiers introduisent toute une panoplie de produits allant des effets vestimentaires au ciment et rond à béton ainsi que les faux billets de banque. Dans ce contexte, pas moins de 650 quintaux de drogue, 5 millions d'euros et 4 fusils-mitrailleurs ont été saisis durant l'année 2009.