Apparemment, l'adage jamais deux sans trois s'applique à merveille à Madjer. «Dégommé» une première fois en 1995, puis en 1996, voilà Madjer prié de revoir sa copie et d'aller voir ailleurs. Faut-il s'en étonner? Jamais porté dans les coeurs pour son franc-parler et sa spontanéité, qui lui ont joué des «talonnades» le sélectionneur de l'Equipe nationale a été limogé mardi par le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua, avec comme prétexte le manquement à l'obligation de réserve. Une obligation de réserve qui avait été la cause des départs de plusieurs coachs auparavant pour avoir clamé, haut et fort, les maux du sport roi, quand il fallait se suffire du terrain. Un limogeage décidé à la suite de déclarations, prêtées au coach national, et jugées «injurieuses et diffamatoires» par les dirigeants de la fédération, parues dans la presse la veille du match amical Belgique-Algérie, le 14 mai, à Bruxelles. Dans des propos publiés par le quotidien belge Le Soir, le quotidien algérien Le Soir d'Algérie et l'hebdomadaire algérien Compétition, Madjer «qualifiait» les dirigeants du football national d'«ignares». Des propos qu'il avait formellement démentis tout en s'interrogeant sur les véritables motifs de cette campagne déstabilisatrice orchestrée contre sa personne. Malheureusement, ses justificatifs n'avaient point convaincu le président de l'instance dirigeante du football national qui l'avait sommé d'apporter un démenti dans les colonnes mêmes des journaux en question. Ne voyant rien venir de la part de Madjer, pour infirmer les propos qu'on lui prête, Raouraoua décide de mettre à exécution les règles sur lesquelles il a été élu, de ne plus laisser passer aucun dérapage, signifiant ainsi son limogeage au désormais ex-coach national. Après coup, le président de la FAF reprend sa casquette de commissaire de l'Année de l'Algérie en France, se rendant le même jour à Paris. Une sorte d'échappatoire, diront certains, pour ne pas justifier une telle décision, que d'aucuns considèrent comme hâtive au moment où un semblant d'équipe commençait à prendre forme. Décision d'autant hâtive, que le quotidien belge Le Soir vient de reconnaître sa balourdise en présentant ses excuses à Madjer (et à la FAF) tout en reconnaissant s'être fait avoir par un journaliste-pigiste qui a rapporté une interview accordée six mois auparavant à l'hebdomadaire français France-Football. En outre, le directeur du quotidien belge reconnaît que son journaliste a repris des propos donnés dans un contexte autre (octobre 2001) tout en ayant omis d'en citer la source. A la lumière de ces nouvelles données, quelle sera l'attitude du président de la FAF? Va-t-il revenir sur sa décision et présenter les excuses du bureau fédéral, reconnaissant ainsi la bonne foi de Rabah Madjer, ou bien maintiendra-t-il sa sentence? Dans les deux cas de figure, le mal est fait et le cordon bien coupé. En outre, une autre donne devra être prise en compte. En effet, maintenant que Madjer est, semble-t-il blanchi, acceptera-t-il de reprendre les rênes ou préférera-t-il limiter les frais, ayant (enfin?) compris qu'il restera l'éternel «incompris»? Face à son silence, le meilleur est encore d'attendre!