la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) a signé un contrat d'approvisionnement en insuline avec Novo Nordisk sur 3 années, portant ainsi un grave coup à la production d'insuline de Saidal. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, poursuit sa politique fondée sur le patriotisme économique. Les décisions prises dans ce sens continuent de tomber. La dernière en date est celle d'interdire l'importation des médicaments qui sont déjà produits en Algérie. La mesure qui vise à protéger la production nationale est appuyée par une deuxième, relative, celle-là, à «faire obligation» aux opérateurs et laboratoires étrangers activant dans le domaine pharmaceutique, souhaitant distribuer leurs produits en Algérie, «d'investir dans le pays». Aussi louables soient-elles, les décisions arrêtées par l'Exécutif ne relèvent que du courage politique, puisqu'il n'a été procédé qu'au dépoussiérage de lois qui existent déjà. Lesquelles lois ont été purement et simplement annulées, voire «éliminées» par l'ancien Exécutif pour des raisons qui sont, pour le moins, floues. Il faut savoir que les mesures prises antérieurement pour préserver la production pharmaceutique nationale n'ont jamais été respectées. L'exemple-phare, qu'il convient de mettre en valeur ici, est celui relatif à la production de l'insuline. L'usine produisant ce médicament, réalisée à Constantine grâce aux fonds propres de Saidal, d'un montant de 14 millions d'euros, a été inaugurée en avril 2006 par le président de la République en personne. Mais les responsables chargés du secteur de la santé ne semblaient alors pas donner assez d'importance à une infrastructure d'une telle envergure, puisque les hôpitaux ont boudé l'insuline qu'elle produisait. Une situation qui n'a pas fait sourciller Amar Tou alors ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pis encore, au lieu de voler au secours de cette usine conçue pour produire 2 à 3 millions de flacons par an, M.Tou a accordé l'agrément à la société danoise Novo Nordisk, pour introduire son insuline sur le marché algérien. Le bouchon a été poussé encore plus loin lorsque la Pharmacie centrale des hôpitaux a signé un contrat d'approvisionnement en insuline avec Novo Nordisk sur 3 ans, portant ainsi un grave coup à la production d'insuline de Saidal dont aussi bien la qualité que le prix ne sont à contester. Cependant, ce n'est pas pour autant que ce groupe se décourage et se laisse faire. Pour répondre à ses détracteurs, Saidal lance un nouveau défi consistant en la fabrication de l'insuline sous forme de stylo jetable. Mais à lui seul, le courage s'avère insuffisant lorsque la volonté politique des hauts responsables en charge du secteur de la santé, vient à manquer. Et l'ouverture du marché national à l'importation des médicaments déjà produits en Algérie, n'est qu'une preuve tangible de cette absence de volonté qui est une preuve de plus de cette volonté de nuire, voire de briser les producteurs locaux. Il faut rappeler, dans ce sens, la note envoyée en février dernier par le ministère de la Santé, aux importateurs de médicaments, signée par Amar Tou, les sommant d'importer 45% du médicament générique? Voici un passage de la note: «Je m'engage à mettre en oeuvre l'ensemble des moyens et actions nécessaires me permettant d'atteindre l'objectif de 45% de médicaments génériques importés au cours de l'exercice 2008. Je certifie avoir pris connaissance que cet objectif fera l'objet d'une évaluation par les structures habilitées du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui me sera opposable et notifié.» Voici donc le coup fatal qu'on allait asséner à la production locale. Et par qui? Le bon sens aurait voulu que cela soit le signataire de cette note, l'ex-ministre de la Santé, qui rende des comptes sur la gestion catastrophique de son secteur. Une gestion que d'aucuns qualifient de chaotique... «Il y a une concurrence déloyale de la part de certains opérateurs, tout le monde le sait mais personne ne réagit. Je pense qu'on n'ira pas loin», avait prédit, à l'époque, le P-DG de Saidal, Ali Aoun, parti à la retraite depuis. Les observateurs estiment que les mesures prises par le gouvernement en faveur de la production pharmaceutique nationale serviront, sans coup férir, à corriger des erreurs fatales commises par le passé. Il est important de noter que l'importation des médicaments coûte annuellement la bagatelle de 1,5 milliard de dollars. Maintenant que le train a été remis sur les rails, il reste à demander des comptes à tous ceux qui ont voulu torpiller la production locale.