Le directeur du Théâtre national algérien plaide pour une meilleure circulation des textes et des compétences. Le directeur du Théâtre national algérien, M'Hamed Benguettaf, est l'hôte de Marseille où le Théâtre de Lenche lui a donné «carte blanche» pour quatre représentations jusqu'en novembre. Dépasser les traditionnels échanges de spectacles et construire des passerelles durables autrement, échanger des comédiens, des textes, des techniciens, des metteurs en scène est l'objectif vers lequel tend Benguettaf. «Des textes français et algériens vont circuler entre les deux rives. Je vais monter une pièce algérienne avec des comédiens français, Ivan (Romeuf, directeur artistique du Théâtre de Lenche, ndlr) va monter une pièce française avec des comédiens algériens. Le rêve c'est, dans deux ou trois ans, d'avoir une troupe où l'on ne saura plus qui est Marseillais et qui ne l'est pas. Et de prendre l'avion pour aller voir une première à Tamanrasset.» Pour Benguettaf, la langue n'est pas un obstacle à ce travail d'échange, plutôt de partage pour lui.. «On peut parler deux langues dans une même pièce. Un Algérien peut très bien dire un texte en français et le comédien français, avec un effort, on lui apprendra à parler arabe. Même si chacun parle dans sa langue, on joue la même partition.» Et de citer Molière qui a été beaucoup adapté chez nous. «Tartuffe est une pièce qui, en définitive, est presque arabe, sur l'hypocrisie, la religion. Elle est constamment jouée au Maroc, en Tunisie...» Il évoquera aussi le lien historique entre l'Algérie et la France qui atténue le problème de la langue. «C'est la Méditerranée qui nous a vu naître: on appartient à un même rivage. Est-ce que Marseille est si différente d'Alger ou d'Athènes?» Pour le directeur du TNA, «la dynamique» charriée aujourd'hui par les 94 festivals de théâtre dont un professionnel, une institutionnalisation du théâtre amateur et un Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas) qui fonctionne, sans oublier les 47 oeuvres, avec 400 ou 500 comédiennes et comédiens, réalisées durant la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe», fait qu'avec une nouvelle génération de jeunes comédiens et techniciens, on a envie, selon lui, d'apprendre. «Il faut leur ouvrir les portes.» D'où cette tentative aussi d'ouverture et d'échange qu'il estime bénéfique effectivement pour tous.