Il faudrait s'attendre à une forte chute de la demande de pétrole et, par voie de conséquence, à une diminution sérieuse des prix de l'or noir. La baisse significative des prix du pétrole qui a accompagné la décision de l'Opep de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour, n'a engendré aucune réaction de la part du gouvernement. Ahmed Ouyahia reste stoïque. Il n'est pas du genre à étaler ses états d'âme, fussent-ils d'ordre économique. Le chef de l'Exécutif s'est déjà longuement expliqué au même titre d'ailleurs que son ministre des Finances, Karim Djoudi, ainsi que du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Certes, la dégringolade du prix du pétrole inquiète le chef du gouvernement qui a situé la cote d'alerte dans une fourchette comprise entre 50 et 55 dollars. Il n'en demeure pas moins cependant, que la rigueur dont fait preuve la devise américaine qui est passée de 1,25 dollar pour un euro, vendredi, atténue de manière sensible les pertes que peut provoquer un baril de pétrole bon marché, pour l'économie nationale. Ahmed Ouyahia a en outre rassuré l'opinion publique quant aux conséquences néfastes d'une crise économique mondiale sévère sur les importations algériennes. Le matelas financier assez confortable, estimé à quelque 136 milliards de dollars ainsi que les recettes de 80 milliards de dollars, engrangées grâce aux exportations en hydrocarbures durant l'année 2008, doivent mettre à l'abri l'Algérie pour au moins deux années, selon les déclarations de Ahmed Ouyahia. En réalité, tout le monde table sur une récession de l'économie mondiale limitée dans sa durée, à commencer par les Etats-Unis et les pays industrialisés, principaux consommateurs de pétrole auxquels on doit rajouter l'Inde et la Chine, des pays émergents qui ont vu eux aussi leur croissance économique exceptionnelle décliner. Il faudrait donc s'attendre à une forte chute de la demande de pétrole et, par voie de conséquence, à une diminution sérieuse des prix de l'or noir. C'est la loi de l'offre et de la demande. Le baril de «Light Sweet Crude» a terminé la séance de vendredi à 64,15 dollars, une baisse de 3,69 dollars par rapport à la clôture de jeudi. La récession dans laquelle semble s'être irrémédiablement enlisée l'économie mondiale fait peser de sérieuses craintes sur la demande en pétrole. Cette dernière a sensiblement baissé aux Etats-Unis qui continuent, semaine après semaine, à reconstituer leurs stocks d'essence. «La coupe de l'Opep devrait empêcher que des stocks pétroliers excessifs ne se constituent sur le marché au premier trimestre 2009, au moment où la demande saisonnière baisse», a fait remarquer Vera de Ladoucette, analyste du Cera. «L'Arabie Saoudite et le Koweït ont déjà par manque de clients, commencé par réduire leur offre», a-t-elle poursuivi. L'Arabie Saoudite, chef de file de l'Opep et 1er producteur mondial, a vu sa production baisser de «9,6 millions de barils par jour à environ 9,1 millions de b/jour en octobre et qui devrait encore être inférieure en novembre», a-t-elle fait constater. Au lendemain de la réduction de 1,5 million de barils par jour, le Royaume wahhabite a dû faire face à une baisse spectaculaire de son marché financier (plus de 9%), considéré comme le plus important du monde arabe. Ryadh qui s'est toujours opposé à une baisse trop importante des pays membres de l'Opep, finira-t-il par rejoindre la position algérienne soutenue par son ministre de l'Energie et des Mines? D'autres réductions de la production de l'Opep ne sont pas à écarter si la chute du prix du baril de pétrole n'est pas enrayée. «Si une nouvelle décision doit être prise, elle le sera et nous n'attendrons pas forcément la réunion d'Oran», a déclaré Chakib Khelil. La prochaine réunion de l'Opep doit se tenir en principe le 17 décembre à Oran, en Algérie.