Le marasme, qui mine aujourd'hui de nouveau le parti du FLN, est édifiant tant sont présentes et ancrées les graves dérives qui dénaturent son identité et qui handicapent toute tentative de le libérer des rêts qui le ligotent. Pour rappel, les dernières élections législatives ont confirmé sa perte d'audience; le parti du FLN n'a plus les hommes capables de mobiliser le peuple et encore moins ses militants. Ce constat amer était déjà un signal fort, mais il semble que le message n'ait point été entendu pour en tirer les conclusions qui s'imposent. Le parti du FLN malade, c'est toute la classe politique qui toussote. Cette dernière étant dans l'incapacité d'amorcer la pompe d'une relève démocratique alors que les champs d'intervention et les pré carrés acquis au parti dominant se réduisent comme peau de chagrin. Les politiques gouvernementales assises, dans leur aspect socioéconomique, ne sont pas celles d'un parti dépositaire privilégié des acquis du mouvement national alors que, à travers son idéologie aujourd'hui bien rodée, il devait être le vecteur de la poursuite d'un processus historique et politique bien au-delà des péripéties de la tourmente internationale. Faute de repères attractifs, l'actuelle direction, à travers le bicéphalisme de son secrétaire général, s'est laissée emporter par les crises gouvernementales, la soumission aux influences extérieures, se départissant ainsi des attentes et des aspirations d'un large courant d'opinion aux racines populaires. Aujourd'hui, les organes et instances du parti du FLN sont devenus aphones du fait de leur inconsistance, un comité exécutif aux membres pléthoriques, sans cohésion organique, un secrétariat exécutif en berne, des structures de base hétéroclites en rébellion constante, et portée, par une vague de contestations contagieuses. Certes, le parti du FLN est une force politique pluraliste mais qui n'a pas été capable de rassemblement et encore moins d'unité à travers le principe du droit à la différence et au respect des idées véhiculées par une minorité engagée. Mais le parti du FLN a accepté de devenir le réceptacle privilégié où viennent se croiser des affairistes bien-pensants et de tout acabit, qui ont profité du renoncement et/ou de l'abandon des militants les plus sincères. Dès lors, les entrailles du parti portent encore les germes d'une nouvelle crise. A la composante humaine se greffent de graves disparités dans les méthodes et modes de fonctionnement. La pensée philosophique, politique drainée et alimentée par le débat contradictoire, est absente. L'acte politique lui-même, dans sa quelconque affirmation de solidarité, se situe à des années-lumière au regard des situations qui prévalent dans le pays ou sur la scène internationale, principalement en Palestine, au Sahara occidental, ou tout simplement à la périphérie de notre pays! Ces quelques vérités, secret de polichinelle pour les plus avertis, ont ébranlé durement la cohésion du parti du FLN, laquelle était, surtout dans l'adversité, sa force motrice, son bélier dans la voie tracée de la rénovation, du redressement et du rassemblement par le changement positif. Nombreux sont ceux qui pensent que la vie sociétale algérienne se porterait mieux si le parti du FLN, rénové par les grâces d'une mue systématique, viendrait à s'inscrire dans l'optique d'une politique de démocratisation et de moralisation, piliers déterminants à un développement harmonieux du pays. Au sein de l'Exécutif, le parti du FLN peut s'inscrire dans l'esprit de celui qui gouverne, mais ses positions devraient être plus tranchées pour obtenir le consensus nécessaire à une bonne gouvernance concertée. La négation de sa spécificité en tant que parti/symbole ne fera qu'accentuer l'incompréhension du fait que la vision philosophique d'un parti n'est pas celle d'un Etat. Aussi, et face à ces tumultes, des militants en dehors et au sein des instances, tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Des réponses d'ordre structurel doivent être apportées rapidement à la crise en attendant des mesures salvatrices à même de dégager le parti du FLN de son carcan bureaucratique et de le libérer de ses pratiques conservatrices et rétrogrades. L'autonomie aujourd'hui tant recherchée doit constituer un objectif prioritaire pour éviter les immixtions, les clivages régionaux et pour effacer l'énorme déficit de confiance. Les structures actuelles dépassées, ne peuvent servir qu'aux opportunistes en quête d'une miette de pouvoir, d'un os à ronger, pour être admis et consacrés. L'indépendance d'une réflexion portée par une communication moderne participe également à une évaluation juste du contexte politico-économique et social auxquelles il va falloir apporter des réponses saillantes. Toutefois, l'appel à une refondation espérée ne peut être prétexte pour revenir à la récurrente régénérescence d'une représentativité à sens unique et aux modules usés. Aux critères d'engagement doivent également s'ajouter ceux inhérents à l'intellectualité, le progrès, la modernité dans l'innovation de la pensée. Comme pour tous les congrès, les prochaines assises seront déterminantes pour l'avenir de l'Algérie, et du parti du FLN, en tant que force politique dominante; en fait, ce dernier aura au moins appris à ses dépens qu'on ne peut applaudir et subir en même temps. (*) Retraité Ancien responsable à la Commission des Relations internationales du FLN