Les appels qu'elle lance sans cesse aux hommes témoignent d'une souffrance qu'elle a endurée et que d'autres femmes ont subie dans une société qui ne pardonne pas. Les soirées de chants de musique se poursuivent à la Maison de la culture de Béjaïa. Outre les compétitions, qui réunissent pas moins de 22 acteurs, les soirées de Béjaïa sont marquées par les prestations des grands de la chanson kabyle. Après la grand Akli Yahiatène, qui a ouvert le bal dans la grande salle pleine comme un oeuf, c'était, avant-hier, au tour de Yasmina, la chanteuse la plus adulée, de se produire devant ses fans. Un public jeune et moins jeune est venu saluer cette grande artiste qui a fait sa première scène en 1989 avec Rabah Asma à Montreuil. Ses admirateurs et admiratrices étaient nombreux à partager ces moments de joie, de retrouvailles sur fond de larmes tant l'artiste touche avec ses mots et sa voix. Yasmina a véritablement innové lors de ce spectacle haut de gamme avec une gestuelle propre à elle. Les appels qu'elle a lancés sans cesse aux hommes témoignent d'une souffrance qu'elle a endurée et que d'autres femmes ont subie dans une société qui ne pardonne pas et qui les jette en pâture. Dans les chansons retenues pour ce spectacle, Yasmina donne l'impression de mener un combat, un long combat contre l'injustice que subit la femme. Si elle bat tous les records de vente de la chanson thématique, c'est parce qu'elle touche des milliers de femmes et hommes par sa manière de dire et de décrire son mal. Un mal profond et indélébile que beaucoup de femmes ressentent. Yasmina chante les déboires et les déceptions de son destin avec le talent qu'elle seule possède. Sa voix mélancolique, ses mots justes et forts sur fond de musique bien orchestrée font un tout que beaucoup admirent. Yasmina se dresse contre les parents et la société. Cette société n'est qu'un ensemble d'individus dont chacun possède sa propre histoire. Ses chansons montrent toutes les blessures qu'elle a subies en tant que femme. Avant-hier, Yasmina a encore marqué les esprits. Elle a toujours été remarquable dans ses chansons, elle qui a le secret de bercer grands et petits, femmes et hommes tant sa voix chaude ne laisse pas indifférent. Comme Matoub Lounès, auquel elle ne cesse de faire référence, elle fait de chaque préjudice moral une chanson qu'on écoute avec attention, qui pénètre dans l'âme du mélomane et qui va jusqu'au tréfonds de l'être. En reprenant une des plus belles chansons de Zohra, elle ne fait que rappeler ce que la femme a toujours subi. Avec Na Chérifa qu'elle invite sur scène, elle s'élance dans une chanson écrite par Slimane Azem et reprise par Matoub pour dire que l'exil est cet enfermement loin du regard pour soigner ses blessures et faire semblant de vivre.