Bien que la situation ne soit plus la même, le parti de Mahfoud Nahnah compte affronter les prochaines consultations électorales avec la même sérénité qu'a connue le MSP-Hamas durant les précédents scrutins. Sauf changement de dernière minute, «le mouvement participera aux élections prévues dans quelques mois», a confié hier, l'un des cadres influents du MSP, Abderezak Mokri. Ainsi, le «débat» sur la possibilité de boycott des élections du MSP n'est qu'une illusion d'observateurs ou une des parades de Nahnah. Le majliss echoura du Mouvement de la société pour la paix, qui a clôturé sa session ordinaire, hier à l'hôtel Es-Safir, a confirmé cette tendance, même si le doute plane encore. Le MSP, pour la première fois, n'est pas prêt à participer au prochain vote les yeux fermés. «Le mouvement n'ira pas aux suffrages sans discussions préalables sur le comment et le pourquoi», avait précisé Mahfoud Nahnah lors de l'ouverture des travaux du conseil. Il a laissé entendre que son parti a des réserves et des conditions à poser avant de déclarer publiquement sa participation au scrutin. Fort d'une assise populaire qui n'est point à prouver et d'une constellation d'associations satellites qui tourne dans son orbite, le mouvement que préside Nahnah se dit lésé doublement par ceux avec lesquels il a accepté le compromis. D'abord, par la politique des quotas lors des dernières élections, notamment quand le parti de M.Ouyahia a fraudé au détriment, entre autres, de son parti. Ensuite au sein même de la coalition gouvernementale «où les ministres sont traités en vertu de la politique de deux poids, deux mesures», a reconnu Nahnah récemment. Une politique des deux collèges qui a fait sortir le cheikh de ses gonds, il y a à peine trois semaines. Le coeur du leader du MSP est aussi rongé par l'épisode de son élimination de la course à la présidentielle de 1999. Un ressentiment de plus qu'il garde contre un pouvoir qui n'a jamais été privé du soutien de Nahnah, du MSP et des associations qui lui sont affiliées. Une inattention qui a fait dire au patron du mouvement que «les choses ne sont plus identiques aux précédents rendez-vous politiques». En revanche, l'attitude du pouvoir par rapport aux élections n'a pas changé d'un iota. Cette politique, a-t-il indiqué «n'est pas claire... le flou persiste». Paraphrasant, presque mot à mot le leader, le majliss echoura a conditionné la participation du parti aux élections par les objectifs recherchés par le gouvernement. Le quitus du MSP sera offert si le vote sert «à promouvoir l'image du pays, à assurer le logement et le travail au citoyen» et essentiellement «à faire avancer la démocratie». Dans le cas contraire, ce sera le refus. Mais cette seconde hypothèse est à écarter probablement, du moment que les buts du scrutin sont plus politiques que socio-économiques. Politiques, c'est-à-dire une étape parmi d'autres, qui permet d'atteindre le pouvoir. Un des objectifs sur lequel mise le MSP à l'instar de tous les partis et dont il ne peut se passer.