Issue d'une famille conservatrice, elle est devenue le leader incontesté de la gauche. Louisa Hanoune est née le 7 avril 1954 à Annaba, au sein d'une modeste famille ouvrière. Même si son instinct de militante fougueuse dévoilait déjà la future pasionaria, aucun élément objectif de l'époque ne concourait à accréditer cette vision. Elle obtient son bac en 75 et travaille parallèlement au niveau de l'aéroport d'Annaba. Elle est d'ailleurs toujours employée à Air Algérie même si elle en est détachée à cause de ses activités partisanes. Elle est, aussi, une militante assidue de la Centrale de Sidi Saïd, ce que bien peu de personnes savent. C'est en 79 que la jeune Hanoune entame son premier combat au sein d'un groupe autonome de femmes militant pour l'égalité des sexes. La région, cependant, ne se prête guère à ce genre de combats. Aussi, la quitte-t-elle une année après pour s'installer à Alger où elle entame des études de droit tout en s'impliquant de plus en plus dans les luttes féminines en faveur de l'abrogation du Code de la famille. C'est à la suite de ce combat, véritable carrefour de tous les partis progressistes de gauche, que Louisa Hanoune découvre et adhère au parti trotskiste clandestin dénommé l'OST (Organisation socialiste des travailleurs). Cela se passait en 81. Deux années plus tard, Louisa Hanoune est arrêtée en même temps que beaucoup d'autres militants de gauche pour «atteinte à l'autorité de l'Etat et association de malfaiteurs». Ironie du sort, sans doute, cette même «association de malfaiteurs manquera de peu de présenter son candidat à la présidentielle et siégera dans le premier Parlement pluraliste de l'histoire de l'Algérie indépendante». Mais nous n'en sommes pas encore là. Sans même être jugée, et pour cause! Louisa Hanoune sera libérée quelques mois plus tard. Elle reprendra son combat au sein de l'OST, mais aussi dans diverses associations de promotion des droits de la femme et de défense des droits de l'homme. Louisa Hanoune fera un nouveau court séjour en prison à la suite des événements d'octobre 88. Sans jugement, et bénéficiant de la «grâce-amnistiante» première du nom, Louisa Hanoune pourra enfin militer au grand jour à la faveur de la Constitution de 89. Commence alors, pour elle, une remarquable ascension dont le secret réside dans le langage direct et franc que l'Algérie profonde prise et comprend tout particulièrement. Le PT, tout en boycottant les législatives de 91, n'en avait pas moins vivement protesté contre leur interruption. Il a même été un des signataires les plus actifs de la plate-forme de Rome, dite Contrat national. Le PT, en dépit du fort capital sympathie accumulé au fil de ses prises de position, n'en a pas moins été «opprimé» par le pouvoir en 97 puisque la plupart de ses listes avaient «sauté» à cause de son refus de réviser son programme conformément à la vision des décideurs de l'époque. Avec un discours favorable à un traitement politique et démocratique de la crise politique, mais aussi extrêmement proche des couches les plus démunies, le PT a réussi à arracher quatre sièges au niveau de l'APN. Récemment invitée de notre rédaction, la pasionaria algérienne nous a affirmé vouloir décrocher assez de sièges pour former un groupe parlementaire et ce, même si elle ne se fait guère trop d'illusions sur la régularité de ce scrutin.