Combien sont ces affaires de justice qui ont tenu en haleine l'opinion publique plusieurs années durant et qui sont encore loin de connaître leur dénouement? «Innombrables», a été la réponse de certains avocats contactés hier par nos soins. Unanimes, les magistrats estiment que les vraies raisons de ces reports itératifs peuvent être expliqués par la tournure politique qu'ont pris l'ensemble de ces procès qui ont défrayé la chronique. «Hypermédiatisés, ils sont devenus des procès politiques», a précisé une avocate sous couvert de l'anonymat. «La présence de Abderrezak El Para à titre d'exemple, relancera de nouveau la polémique entamée lors de la dernière session ayant sanctionné le jugement des éléments appartenant au groupe de Hassan Hattab», appuie-t-elle. Comme en témoigne cet avocat, rappelle-t-on, la présence de Hassan Hattab exigée par la défense n'a pas été appréciée par le juge d'instruction. Ce dernier est allé plus loin au point de «défier» M.Zerhouni, ministre de l'Intérieur, affirmant que Hattab est entre les mains de l'Etat. Plusieurs chefs d'inculpation lui ayant été notifiés, l'ex-numéro deux du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), El Para, est en détention préventive depuis 2002. Son procès, non programmé pour la prochaine session qui se tiendra au mois de décembre, connaîtra-t-il son épilogue un jour? Cette non-programmation de trop est une chose anormale, selon Me Hassiba Boumerdassi, contactée par L'Expression. Preuve à l'appui, elle précise que la durée maximale d'une telle détention (préventive), comme le stipule la législation internationale, ne doit en aucun cas aller au-delà des 44 mois. Cette situation de non-jugement définitif concerne également Abdelkahar Belhadj, fils du numéro deux du FIS dissous, contre qui le tribunal criminel près la cour d'Alger retient les accusations d'appartenance à un groupe terroriste en activité, apologie du terrorisme et le port d'armes prohibé. Quelques jours après l'ouverture officielle de l'année judiciaire 2008/2009, placée sous le haut patronage du président de la République, la justice algérienne est plongée dans un doute inquiétant et des lendemains incertains. Ceux qui ont semé la terreur au sein d'une population qui s'est longtemps tenu le ventre, ont vu leur jugement renvoyé aux calendes grecques- à maintes reprises- par les cours de justice. Manque d'éléments ou...? Une question qui donne le tournis, sur laquelle les hommes de loi préfèrent ne pas se prononcer. Juger les Hassan Hattab, Bellazrag ou encore Droukdel et El Para, semble constituer un défi pour la justice algérienne. Les feuilletons ne manquent pas, ce sont leurs épilogues qui se font de plus en plus rares. Le procès final des commanditaires de l'assassinat du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, en 1998, n'a pas eu lieu. Que d'atermoiements! L'ultime report est motivé par l'absence des témoins comme l'a exigé la partie civile qui a également plaidé la réouverture du dossier pour les besoins d'une enquête complémentaire. C'est, d'ailleurs, ce qui a été décidé par le juge. Pendant ce temps, la justice semble être en attente...