Ni commentaire ni intervention, les parlementaires se sont déplacés au Palais des nations uniquement pour lever la main. C'est fait. Le projet portant amendement de la Constitution est désormais une affaire classée. Le Parlement, en ses deux chambres réunies, a voté à la majorité écrasante la copie du président de la République. Sur les 529 parlementaires présents hier à la session tenue au Palais des nations, 500 ont voté «oui», 21 «non» et 8 se sont abstenus. «Un succès sans précédent», «Victoire assurée», «Un événement grandiose» disaient les uns et les autres à l'issue du vote. En effet, les partis politiques étaient nombreux à soutenir l'initiative du Président. De l'Alliance présidentielle, à savoir le FLN, le MSP, le RND, en passant par le Parti des travailleurs et les Indépendants, ils ont tous soutenu à l'unanimité la révision constitutionnelle. Même le FNA n'a pas enfreint la règle. De nombreux députés de la formation de Moussa Touati ont rejoint les rangs des partisans. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie est le seul à s'être distingué par son refus en levant la main contre le projet constitutionnel. Les élus d'El Islah et d'En Nahda ont, pour leur part, opté pour l'abstention. La séance de vote s'est déroulée dans une ambiance sereine. Ni commentaire, ni intervention, les parlementaires se sont déplacés au Palais des nations, uniquement pour lever la main. Après avoir adopté le règlement intérieur de la plénière, ils ont assisté à une présentation du projet de révision. Le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a exposé, dans le détail, le contenu des amendements. Dans son intervention, le patron de l'Exécutif n'a pas omis d'apporter des arguments pour justifier, encore une fois, le choix de la voie parlementaire ainsi que la nécessité d'une telle procédure. Dans ce sens, il a déclaré que la révision de la Constitution est passée par les étapes dictées par la Constitution. «Si le peuple était pour la limitation des mandats, il l'aurait inclue dans l'article 178», a-t-il déclaré. Ledit article stipule:«Toute révision constitutionnelle ne peut porter atteinte au caractère républicain de l'Etat, à l'ordre démocratique basé sur le multipartisme, à l'Islam en tant que religion de l'Etat, à l'arabe comme langue nationale et officielle, aux libertés fondamentales, aux droits de l'homme et du citoyen, à l'intégrité et à l'unité du territoire national.» Se référant à cet article, M.Ouyahia affirme que cette révision consacre la volonté du peuple et qu'elle vise à clarifier les prérogatives au sein de l'Exécutif. Juste après, la séance est levée pour permettre aux membres de la commission mixte de faire une dernière observation avant de soumettre le projet au vote. Dans son rapport, la commission n'a fait qu'appuyer l'avis du Conseil constitutionnel confirmant ainsi la constitutionnalité des textes. A l'issue de la séance de vote, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a salué, dans un message adressé aux parlementaires, «le patriotisme et le sens de la responsabilité des représentants du peuple» et a valorisé «leur clairvoyance en plébiscitant cette démarche louable». Sachant que ce projet lui tient à coeur depuis une décennie, le chef de l'Etat a qualifié la journée d'hier de «mémorable». Selon lui, le Parlement a démontré encore une fois qu'il représente «l'un des piliers inébranlables de l'édification de l'Etat de droit». Annoncée le 29 octobre dernier, la révision partielle de la Constitution est arrivée à son terme. En l'espace de deux semaines seulement, le dossier de la révision de la Constitution, qui a fait parler de lui pendant longtemps, a finalement abouti. Nul ne s'attendait à ce que le projet soit entériné en si peu de temps. Après le Conseil des ministres, le Conseil constitutionnel, le projet est parvenu hier à sa dernière étape, à savoir le Parlement. A travers le vote d'hier, le projet est officiellement avalisé. Les amendements apportés à la Constitution seront publiés dans le Journal officiel, dans trente jours.