Le prix du panier Opep valait, hier, 52,24 dollars. L'équation est simple: plus le baril chute, moins l'Algérie gagnera d'argent. A 50 dollars le prix du baril de pétrole, l'économie algérienne doit-elle craindre le pire? La sonnette d'alarme tirée par Ahmed Ouyahia, cet été, et qui endossera très probablement la casquette de Premier ministre après la révision de la Constitution qui est intervenue hier en fin de matinée, commence déjà à retentir. Le chef du gouvernement avait, en effet, admis, à l'époque, qu'un baril compris entre 50 et 55 dollars compliquerait la réalisation de certains projets de développement économique. Peut-on, d'ores et déjà, admettre que le seuil critique a été atteint par l'incroyable chute des cours de l'or noir? A la lumière des informations que nous détenons, nous n'en savons encore rien, sauf que cela commence à sentir vraiment mauvais. Les propos du ministre des Finances, Karim Djoudi, ont tout juste, comme ceux de tant d'autres responsables, tenté de rassurer l'opinion publique. «L'Algérie a placé ses réserves en devises dans des actifs sans risque qui porte une faible rémunération au niveau des banques centrales», a confié à la presse le grand argentier du pays au sujet des 135 milliards de dollars engrangés par les exportations des hydrocarbures. Une telle déclaration sans avoir mis le feu aux poudres dans l'opinion publique, n'a pas manqué, toutefois, de susciter moult interrogations. La communication n'étant pas le point fort de certains ministres, rend encore plus opaques et plus suspectes leurs déclarations. L'environnement est favorable, voire propice: la crise financière mondiale a déjà commencé ses ravages. Et ce ne sont pas les récentes déclarations du ministre algérien de l'Energie et des Mines qui risquent d'apaiser ce climat de suspicion, mais surtout d'incertitudes qui n'augurent pas de lendemains meilleurs pour l'économie nationale. M.Chakib Khelil avait souligné, lors de la conférence de presse qu'il avait animée au forum d'El Moudjahid, que le système financier algérien n'était pas connecté au système financier international. Doit-on prendre ce mal pour un bien? Certainement pas. Puisqu'il illustre surtout le retard accumulé par le système bancaire algérien. La crise financière internationale touche de plein fouet une économie nationale qui ne peut hélas, compter que sur ses exportations en hydrocarbures à travers la chute vertigineuse des prix de l'or noir. La baisse de la production des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole d'un volume de 1,5 million de barils par jour, décidée le 24 octobre à Vienne, en Autriche, s'est avérée impuissante pour enrayer la dégringolade des prix de l'or noir. Et ce ne sont pas les ministres des Finances et gouverneurs des Banques centrales des 35 pays africains, dont le ministre des Finances algérien, Karim Djoudi, qui se pencheront, à partir d'aujourd'hui à Tunis, sur les effets de la crise financière internationale sur les économies des pays africains qui risquent de trouver la solution miracle à ce problème. Et comme pour prévenir d'une éventuelle catastrophe, le président de la Banque africaine de développement (BAD) a déclaré: «Avant la crise, l'économie de notre continent progressait au taux moyen annuel de 6,5%. Ce taux serait ramené aujourd'hui à 5%», a précisé Donald Kaberuka. Ses pronostics sont sans appel. Le président de la BAD évoque «des perspectives économiques désormais très sombres». Les mauvaises nouvelles parviennent de partout. L'économie de l'Inde n'échappe pas à la crise mondiale. «Ce qui avait commencé par une brise légère refroidissant le secteur de la finance, s'est transformé en bourrasque balayant l'économie réelle», avoue le rédacteur en chef du quotidien Business Standard, T.N.Ninan. Et pour ne rien arranger, le président-directeur général du géant gazier russe, Gazprom, Alexeï Miller, a déclaré, à l'issue d'une réunion en Sibérie, que «le marché énergétique international connaîtra à brève échéance une pénurie de pétrole à cause de la crise financière». Quand on sait que la réduction de la production algérienne de 71.000 barils par jour, décidée dans le cadre de la baisse des 1,5 million de barils par jour de l'Opep, a déjà coûté 2 milliards de dollars à l'économie nationale, il y a vraiment de quoi s'alarmer.