Seuls quelques rares agents de sécurité se font remarquer par leur présence sur les lieux du chantier. Tout n'a pas été dit sur le projet du tramway devant être réalisé à Constantine. Le projet a fait couler beaucoup d'encre. Au départ, il était question de délocaliser la prison d'El Koudiat et le siège de la Gendarmerie nationale. Un fait sévèrement critiqué et contesté, aussi bien par les citoyens, jaloux de leur patrimoine, que par les historiens et les associations culturelles. L'idée avancée par le bureau d'études français, selon laquelle la démolition des deux édifices serait impérative, a suscité la colère, à tel point que l'intervention du président de la République était plus qu'indispensable. La société civile avait qualifié l'idée de crime contre l'histoire du fait que le centre pénitentiaire d'El Koudiat a été classé patrimoine national en 1992. De ce fait, sa destruction relèverait de l'absurde d'autant que cette perspective dépendait des ministères de la Défense nationale et de la Justice. Aussi, il appartient au chef de l'Etat de trancher la question. Pour le moment, la décision est claire. Les deux infrastructures ne seront pas démolies. De ce fait, une autre étude de la trajectoire a été élaborée avec la participation d'experts. Le projet approuvé, il fallait passer aux choses sérieuses. Plusieurs dates ont été avancées annonçant les débuts des travaux. 2006, 2007, les années passent et les chantiers ne voient toujours pas le jour. Ce n'est qu'en 2008 que les premiers coups de pioche ont été donnés. Pour ce faire, le stade Benabdelmalek devait disparaître. Une série de mesures ont été élaborées dont la fermeture de la station des bus mitoyenne au stade. Les autorités locales avaient pris la peine, pour une fois, de demander aux citoyens de faire preuve de patience et compréhension, promettant que le projet sera finalisé dans trois ans. Les tribunes du stade ont été démolies à l'explosif au mois d'août passé. L'opération a été assurée par l'Entreprise du métro d'Alger et une société italienne. Mais, depuis, c'est le vide sidéral. Seuls quelques rares agents de sécurité se font remarquer par leur présence sur les lieux. Résultats des courses: une route fermée à la circulation, une station inactive et aucune autre explication de la part des autorités que celle de «Laissez-nous travailler» Ce qui laisse croire à l'absence de toute stratégie. Plus grave encore, l'on parle même de la démolition partielle de la trémie d'El Amir Abdelkader! Aujourd'hui, Constantine avec ses routes endommagées, ses trottoirs abîmés est une ville fanée. Et le bout du tunnel n'est pas pour bientôt. «Constantine a cette spécialité d'être une cité aux routes étroites et sincèrement je ne vois pas la nécessité d'un tel projet», a déclaré un juriste, alors qu'une jeune avocate souligne: «On vit sous pression. Notre cité est devenue un grand chantier à ciel ouvert. C'est étouffant et c'est dommage. La patience des habitants est à la limite du soutenable.» Alors qu'un ancien moudjahid s'interroge: «Pourquoi s'obstine-t-on à faire d'une ville au passé glorieux un immense bidonville? On aimerait bien voir l'aboutissement de ce projet, mais je crains que le stade soit démoli pour rien. J'ai honte pour ma ville prise en otage. Et puis, regardez autour de vous, ce n'est que saleté, fuites d'eau et désagréments.» C'est la déception totale. Estimé au départ à 18 milliards de dinars, le projet du tramway est, selon des experts de l'urbanisme, la seule alternative en mesure de désengorger le centre-ville de Constantine et d'apporter les aménagements urbains et les équipements nécessaires pour faire naître une ville moderne. Le projet du tramway devait, selon ses concepteurs, garantir quotidiennement à 160.000 usagers de rejoindre le centre-ville en un temps record. Le projet prévoyait également la réalisation d'un viaduc de 470m reliant l'université Mentouri à la zone industrielle Palma, avec l'installation de 16 stations et deux pôles d'échange. Seulement et au vu des contraintes énumérées, la réalisation de ce projet pourrait dépasser aisément les trois ans. Certains estiment que le projet ne sera pas finalisé avant 6 ans, s'il est maintenu. Au rythme où vont les choses, on n'est pas loin d'une explosion sociale.