Les principaux agresseurs sont les conjoints, suivis des amants ou fiancés. De janvier à juin 2008, c'est-à-dire en six mois, près de 4489 femmes ont déposé plainte pour violence. Ces chiffres effarants, communiqués hier à la presse par la direction de la Police judiciaire (DPJ) à Alger, donnent des frissons. Ces femmes sont victimes de violence conjugale ou autres, à l'échelle nationale, a déclaré la commissaire principale Kheïra Messaoudène, chef du bureau national de la protection de l'enfance, de la délinquance et de la femme victime de la violence. Les conjoints forment 15,8% des agresseurs, les amants ou fiancés 4,21%, alors que 3,21% sont des frères, 2,9% des ascendants, 0,77% des pères et 72% des étrangers à la famille (voisins, collègues...), a relevé Mme Messaoudène. Plus de la moitié (2675) ont été victimes de violences physiques, 1359 ont été «maltraitées», 144 ont subi une violence sexuelle, 107 ont été harcelées et 4 autres ont été éliminées physiquement, a indiqué la commissaire. L'âge des victimes varie de 26 à 75 ans: 28% d'entre elles sont âgées de 26 à 35 ans, 25% ont de 18 à 25 ans, 21% entre 36 et 45 ans, 13% entre 46 et 55 ans, 5,9% entre 56 et 65 ans, alors que 1,7% sont âgées de plus de 75 ans. Alger vient en tête de ces délits avec 850 cas de violences enregistrés, suivie d'Oran avec 342 cas et Annaba avec 289 cas. En plus des grandes villes, la commissaire Messaoudène souligne que toutes les wilayas connaissent ce phénomène, y compris celles du Sud. Elle cite, à titre d'exemple, Biskra où 70 cas de violences contre les femmes ont été signalés, 5 cas à Tindouf et 3 à Illizi. Concernant les homicides, K.Messaoudène a indiqué qu'une femme avait été assassinée par son frère, deux autres par leurs époux et la quatrième par son père. Elle a, en outre, relevé deux cas d'inceste, l'un par le frère, l'autre par le père. Par ailleurs, la commissaire a précisé qu'il n'y a aucun profil ni pour l'agresseur, il peut être cadre ou chômeur, ni du reste pour la victime qui peut être femme au foyer ou cadre. Pour rappel, elle a indiqué qu'en 2001, l'Institut national de la santé publique (Insp), en collaboration avec la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) avait effectué une enquête sur les violences à l'égard des femmes. Les mobiles de ces «lâches» agressions contre la gent féminine sont souvent d'ordre matériel (argent ou appartement), selon les cas enregistrés par la PJ. Mme Messaoudène a estimé que «le terrorisme, vécu durant les années 1990, a favorisé la violence dans la société qui est la conséquence des traumatismes psychologiques refoulés», outre les mutations socio-économiques engendrées. Elle a néanmoins reconnu que le nombre de femmes victimes de violences est, en réalité, «plus élevé que les chiffres avancés», car beaucoup de femmes déposent plainte et se rétractent par la suite. Une «certaine tolérance ou passivité sociale» ainsi que la mentalité qui «juge et accuse à tort la femme même si celle-ci est victime» favorise ce climat d'insécurité permanent qui plane sur la quiétude des femmes. Comme la police n'enregistre pas de cas signalés par des tierces personnes sur des violences à l'égard des femmes, «il est prévu, a-t-elle dit, l'instauration prochaine d'une loi permettant de dénoncer la violence contre les femmes par d'autres personnes que la victime elle-même». Mme K.Messaoudène se «réjouit» cependant devant «l'augmentation du nombre des plaignantes» avançant les cas enregistrés en 2001 qui étaient de 4974 pour toute l'année dernière et qui sont restés presque les mêmes au premier semestre de l'année en cours.