Ayant usé de tous les arguments, sa famille n'a pas réussi à le convaincre de se rendre aux services de sécurité. Le sinistre émir de l'AIS, Mokhtar Benmokhtar, qui finalement ne déposera pas les armes après l'échec des négociations entamées à l'initiative des membres de sa famille, continue à semer le trouble dans le Sud. Des sources très au fait du traitement sécuritaire affirment que cet homme serait à la tête de 120 hors-la-loi. Même la katibet Ibn Ziad, affiliée à ce qu'on appelle le Gspc, dirigé par Abdelmalek Droukdel alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, ne s'aventure pas sur les territoires où se sont mobilisés les acolytes de Mokhtar Benmokhtar. Par ses activités permanentes et sa profonde connaissance du Grand-Sud, cet émir s'est transformé en grand contrebandier en tissant des réseaux et liant des relations avec des passeurs du Niger et du Mali, où il a d'ailleurs érigé des refuges. Le brigand du désert s'est, dès 2002, investi dans d'autres créneaux, comme la revente des véhicules volés à l'étranger et aux immigrants clandestins. Il est souvent signalé à Tamanrasset. C'est dans cette région, plus exactement à 70 km des frontières nigériennes, appelées Tamret Iblis, qu'il possède un refuge qu'il utilise rarement. Il agit également à Oued Souf, à Oum Ettouyour et à El Meghaïer. Il ne s'implique jamais directement dans les opérations. Ce sont ses hommes qui s'engagent notamment quand il s'agit d'une transaction dans l'erg de Talmine, Ouled Aïssa au nord de Timimoun, ou dans les environs de Béchar où s'exerce le trafic de l'émigration clandestine. Sous sa coupe, Mokhtar Benmokhtar a embrigadé des mercenaires qui ne sont pas forcément d'une composante algérienne. Il s'adonne également au trafic de cigarettes, ce qui a créé des hostilités avérées entre lui et Abderazak El Para, avant que ce dernier ne soit remis aux services de sécurité, après l'enlèvement des 32 touristes allemands. Mokhtar Benmokhtar a tissé une véritable toile d'araignée regroupant activités illicites, prohibées et très lucratives. Grâce à des complicités, il est aujourd'hui aussi puissant que le cartel de la drogue de l'Amérique latine. Cela n'est pas du goût de son rival, presque terré dans les maquis de Tizi Ouzou. Sa tête a été mise à prix par Droukdel après que Mokhtar Benmokhtar ait refusé de se soumettre à ses ordres et de lui faire parvenir des aides. Dans la logique, c'est Mokhtar Benmokhtar qui devait être nommé à la tête du Gspc après la neutralisation de Sahraoui et le retrait de Hassan Hattab, surtout que c'est le seul émir, selon les informations en possession des services de sécurité, qui aurait eu des contacts avec ce qu'on appelle Al Qaîda. Mais Abou Mossaâb a su retourner la situation en sa faveur pour se proclamer émir national du Gspc en faisant croire que cette organisation agit au profit d'Al Qaîda, ce qui n'est, en fait, qu'une illusion pour beaucoup d'observateurs nationaux et internationaux. Droukdel et ses acolytes sont de plus en plus acculés au centre du pays par les services de sécurité qui resserrent l'étau. Quant à Mokhtar Benmokhtar et ses complices, ils sont pourchassés par les GGF, la gendarmerie, le GIR et les brigades mobiles des Douanes nationales, même si l'immensité des territoires du Sud et l'importance des frontières rendent la tâche difficile. Cela dit, Mokhtar Benmokhtar a toujours évité de s'aventurer à Tindouf, une région très sécurisée, et le nord de Biskra où sévit le plus souvent katibet Ibn Ziad.