Debiane Dahbia, épouse de l'écrivain Mouloud Feraoun, est décédée avant-hier à Alger à 90 ans, après une longue maladie. Hier, à Tizi Hibel, près des Ath Douala, au domicile du romancier, les vieilles femmes, anciennes compagnes de la défunte affluaient sans cesse. Elles gardent de Dahbia Feraoun l'image d'une femme d'une extrême bonté. «C'était une femme qui semait le bien autour d'elle. Tout comme son époux L'Mouloud. Je ne peux rien dire de plus, je suis choquée», affirme Djoher, une vieille amie de la défunte, rencontrée au seuil de la porte des Feraoun. «N'na Ldjoher, la femme la plus proche de Nna Dahbia», souligne pour sa part le neveu de l'écrivain, qui attend l'arrivée de la famille de son oncle à partir d'Alger. «Il seront-là dans une heure», affirme-t-il. La compagne de la défunte rappelle que lorsque Feraoun s'était marié avec Dahbia, cette dernière était âgée à peine de quinze ans. Elle était analphabète et c'est Feraoun qui l'a instruite. Plus tard, elle pouvait lire le journal et écrire des lettres aisément. C'est dire que la relation entre l'écrivain et sa femme était pleine de complicité. «Elle n'a jamais mis les pieds à l'école mais grâce à son mari, elle a pu s'instruire», souligne Ldjoher. Cette dernière et d'autres femmes qui connaissaient Mouloud Feraoun et sa femme, rencontrées au domicile mortuaire, mettent l'accent sur la modestie et la discrétion de la disparue. «Dernièrement, une équipe est venue pour réaliser un reportage sur Mouloud Feraoun. Elle avait accepté de témoigner mais avait refusé d'être filmée.» Elle était humble tout comme son mari. De son côté, Mme Yamina affirme: «J'ai perdu mon père à l'âge de 2 ans, c'est Mouloud Feraoun et sa femme qui m'ont élevée et instruite, Mouloud avait fait le serment à mon père qu'il ne m'abandonnerait pas moi et mes enfants, plus tard.» Une autre vieille, les yeux larmoyants résume: «C'est notre mère, à nous tous, qui est morte aujourd'hui.» L'enterrement est prévu pour aujourd'hui à Tizi Hibel.