7000 personnes sont descendues dans la rue, hier au Caire, pour crier leur colère. Aux cris de «A bas, à bas Moubarak», des milliers d'Egyptiens ont battu le pavé, hier, pour manifester leur indignation contre les raids meurtriers de l'aviation de Tsahal. Plus de 320 morts ont été enregistrés, hier, dans la bande de Ghaza. Et la liste ne fait que s'allonger. La visite de Tzipi Livni, effectuée, jeudi dernier, dans la capitale égyptienne, prend des allures de cadeau empoisonné pour le président Hosni Moubarak. La ministre israélienne des Affaires étrangères n'avait, en effet, nullement caché l'intention de l'armée israélienne d'attaquer les Palestiniens de la bande de Ghaza. «Ça suffit! La situation va changer», avait déclaré Tzipi Livni. «Le Hamas a décidé de cibler Israël, cela doit être stoppé et c'est ce que nous allons faire», avait-elle menacé. Et au ministre travailliste de la Défense de surenchérir: «Le temps des paroles en l'air est passé», avait souligné Ehud Barak. Les bombardements aveugles ont pris le relais. La menace fut mise à exécution. Les réactions égyptiennes aux propos de la ministre israélienne des Affaires étrangères furent interprétées par la rue égyptienne en particulier, et arabe en général, comme de la complicité. Très vite, d'ailleurs, transformée en affront. Une ultime humiliation que la nation arabe porte encore dans sa chair. Le chef de la diplomatie égyptienne, qui ignorait sans doute que l'opération «Plomb durci», programmée depuis belle lurette, allait prendre une tournure aussi dramatique, a acquiescé pour une opération dont les frappes seraient ciblées. En plus clair, si le Hamas, qui règne en maître dans la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, doit être châtié, alors qu'il le soit. A condition que la vie des civils soit épargnée. «Le président Hosni Moubarak a dit clairement qu'il ne devait pas y avoir de punition collective», avait souligné Ahmad Aboul Gheit. Le carnage pouvait commencer. Les martyrs tombaient par dizaines dans les rues de Ghaza. Au coeur de la capitale égyptienne, des milliers de manifestants scandaient hier: «A Ghaza nous irons, des martyrs par millions.» Et comme pour mieux souligner leur solidarité avec leurs frères palestiniens, ils ont crié à l'unisson: «Nous faisons tous partie du Hamas.» Ils ont demandé aux autorités égyptiennes de «brûler l'ambassade d'Israël et d'expulser l'ambassadeur». Ce que trente députés jordaniens ont réclamé de leur gouvernement auquel ils ont tout simplement conseillé de «mettre un terme à toute forme de normalisation en réponse aux massacres israéliens à Ghaza». La rue égyptienne veut aller plus loin. «Où est l'armée égyptienne?», s'est-elle interrogée. Elle veut laver l'affront.