Le mouvement de protestation qui a caractérisé dans la journée d'hier les universités algériennes intervient au premier jour de la reprise des classes. Alger renoue avec les manifestations. Après la mosquée, c'était hier le tour de l'université. En fait, 24 heures après les manifestations des fidèles qui sont sortis avant-hier après la prière du vendredi, c'est au tour des étudiants qui ont marché, hier, dans les différents campus pour dénoncer l'agression d'Israël contre les Palestiniens dans la bande de Ghaza. Les premiers appels de soutien sont parvenus de l'université des sciences islamiques du Caroubier. Les étudiants ont entamé leur marche à l'intérieur de l'université, avant d'effectuer quelques petits tours aux alentours. Une longue file constituée en majorité de filles ont scandé des slogans antisionistes et glorifiant la résistance palestinienne et la religion de l'Islam. «Nous sommes toutes des kamikazes», «Allahou Akbar, (Allah est le plus grand, NDLR)», crient des dizaines de jeunes étudiantes aux visages voilés qui portaient des portraits des leaders politiques du mouvement palestinien Hamas. Des banderoles appelant les chefs d'Etat des pays arabes à réagir face à cette situation ont été brandies. Les étudiantes et les étudiants ont lancé des appels au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à prendre «la bonne décision». «Bouteflika prend une décision, la Palestine est en danger». De quelle décision parlent ces étudiants? «Nous sommes prêts à aller au Djihad en terre sainte. Si on nous envoie, je suis le premier volontaire», déclare un étudiant, engoncé dans son kamis et une barbichette. L'université du Caroubier n'est pas la seule à avoir connu ce mouvement. La Faculté de droit et des sciences administratives de Ben Aknoun, l'Université des sciences sociales et humaines de Bouzaréah ont vécu une ambiance similaire. A noter que ces manifestations étaient pacifiques dans la mesure où aucun incident n'a été enregistré. Les services de sécurité ont quadrillé les campus. Ils se sont contentés d'observer de loin le déroulement des manifestations mais prêts à intervenir pour empêcher les étudiants d'occuper la rue. Sur ce point, il est utile de rappeler que les marches au niveau de la capitale sont interdites. La décision a été prise au lendemain de la marche du 14 juin 2001. Cette sortie des étudiants est loin d'être spontanée. Les universités ont répondu à l'appel lancé par l'organisation estudiantine Ugel (Union générale des étudiants algériens), satellite du mouvement islamiste algérien, le MSP (Mouvement de la société pour la paix). La formation du défunt cheikh Nahnah est connue pour son soutien inconditionnel au mouvement palestinien Hamas.