Les prêches d'imams à travers les mosquées de la capitale ont pris les allures de discours politiques. Les principales placettes d'Alger étaient noires de monde hier. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour crier leur colère et dénoncer les massacres commis pars les Israéliens à Ghaza. Les prêches d'imams à travers les mosquées de la capitale ont pris les allures de discours politiques. Ces prêches ont chauffé à blanc des citoyens déjà excédés par les images atroces des crimes à Ghaza, relayées en boucle par les différentes chaînes de télévision et les esprits des citoyens solidaires de Ghaza. L'appel lancé, il y a quelques jours, par l'influent dignitaire sunnite Youssef Al-Qardaoui de faire de ce vendredi 9 janvier (hier NDLR) une journée mondiale de protestation contre Israël et de soutien à Ghaza a exacerbé le sentiment de colère des Algériens. Les islamistes étaient au-devant des marches et ont récupéré les mouvements de foule qu'a connus, hier la capitale. La méthode utilisée durant les années 90 et qui consiste en la mobilisation des foules juste après les prières de vendredi a réapparu. Comme donc à cette époque, le point de départ des déferlantes humaines était les mosquées et les points de chute sont les deux coeurs palpitants de la capitale: Alger-Centre et Champ de manoeuvres. Bravant ainsi l'interdiction des marches à Alger, les manifestants ont réduit à néant les dispositifs sécuritaires déployés pourtant dès les premières heures de la matinée pour parer à toute éventualité. Véritable fief des islamistes, la mosquée El-bakun ala El-Ahd (les fidèles au serment) d'Appreval, de Kouba, de triste mémoire, a donné à cette manifestation un poids non négligeable. Les fidèles ont déjoué et franchi, sous les coups de matraques, le cordon de sécurité et sont descendus jusqu'à Alger-Centre. Devant l'incapacité des partis politiques et de la société civile de mobiliser tant de citoyens à la cause palestinienne, les islamistes peuvent désormais se targuer de récupérer toutes ces foules qui ont fait de la capitale un théâtre de plusieurs manifestations de soutien aux Ghazaouis. Ils ont voulu surtout accaparer toutes ces actions qui les placent dans une position, à leurs yeux légitime, de défendre à leur gré la cause palestinienne. Preuve en est, les slogans clamés à tue-tête par des dizaines de milliers de citoyens venus exprimer leur solidarité avec les Ghazaouis. «Djich chab avec toi Gasa, ya yahoud ya taâun djaich mouhamed sa yaâoud, palestineiens chouhadas, aâlayha tahia oua âalayha tamout...», sont entres autres les slogans scandés par les manifestants. Ces slogans rappellent à plus d'un titre les années dures du terrorisme qu'a vécues le pays. Autre action qui confirme davantage cette tentative de récupération, les islamistes ont observé la prière de l'Asr en pleine manifestation au niveau de la place des Martyrs. Ainsi et profitant des massacres israéliens perpétrés contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, les islamistes voient réussir leur pari de faire descendre des milliers de citoyens dans les rues d'Alger. La manifestation d'hier est ainsi considérée, à l'image de celle d'ailleurs de vendredi dernier, comme une tentative de récupération par les courants djihadistes islamistes dont l'activité n'a jamais cessé. On les a vus à l'oeuvre lors de la guerre en Afghanistan et en Irak. Mais cette fois-ci, l'excès de colère risque de mener à l'explosion.