Pragmatique, la secrétaire générale du Parti des travailleurs ne déroge pas à sa ligne politique et ne mâche pas ses mots. Elle compte tenir, malgré l'interdiction, un sit-in à Alger. «Y en a marre des salles fermées, on veut sortir dans la rue pour exprimer notre soutien aux Palestiniens». C'est en ces termes que Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a tenu hier à dénoncer l'interdiction des manifestations populaires dans la capitale, en vigueur depuis 2001. Intervenant lors d'une conférence tenue au siège de son parti, Mme Hanoune a mis en garde contre une éventuelle explosion sociale que risque d'engendrer ce bâillonnement de l'expression populaire. «Il y aura certainement des dérapages si le sceau de l'interdiction continue de frapper la volonté des populations d'exprimer leur colère face à ce qui se passe à Ghaza dans la rue et si cette frustration persiste», a-t-elle averti. Gravité de la situation oblige, elle explique qu'«une situation exceptionnelle demande un traitement exceptionnel». C'est dans ce cadre que la formation de Hanoune a décidé de casser cette interdiction en appelant à un sit-in qui sera organisé aujourd'hui même au niveau de la place des Martyrs, Alger. Un sit-in, dit-elle, qui n'est ni autorisé ni interdit mais qui aura quand même lieu. «On a mis l'accent sur la nécessité d'organiser une manifestation pacifique pour dénoncer le sionisme et ses alliés (les Etats-Unis et l'Union européenne) ainsi que les régimes arabes complices du massacre du peuple palestinien», a-t-elle souligné. Sur sa lancée, la porte-parole du parti exige la levée des restrictions sur le droit de manifester pacifiquement dans la capitale. Balayant les arguments qu'avancent les autorités pour justifier l'interdiction des marches à Alger, la conférencière a indiqué que cette mesure va à contre-courant du soutien de l'Algérie aux Palestiniens. «Ni l'argument sécuritaire ni le prétexte de l'état d'urgence ne tiennent la route» soutient-elle mordicus. Tempérant ses ardeurs, la première responsable du parti souligne, néanmoins, que la tenue d'une marche populaire dans la capitale «ne fera que consolider la position officielle du pays concernant la question palestinienne». Dans le même contexte, la conférencière a regretté l'absence d'un débat au sein de l'APN sur la question. Par ailleurs, Mme Hanoune a appelé les autorités à renforcer la rupture avec l'Etat israélien en se retirant des organisations internationales et régionales dont Israël fait partie. «Il est temps de prendre des initiatives dans ce sens», insiste-t-elle.