Le Pen reste menaçant et risque de surprendre la classe politique française. C'est aujourd'hui que les 41 millions de Français sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leur Assemblée nationale. La droite, comme la gauche, se présente en rangs dispersés, mais c'est la première que les différents sondages la donnent gagnante. Cela dit, l'extrême droite reste toujours menaçante. Aucun sondage ne l'a vu venir lors du premier tour de l'élection présidentielle. L'enquête Sofres-LCI du 4 juin dernier attribue 41% pour la droite et 36,5% pour la gauche des intentions de vote, avec 30% d'abstention qui, plus elle est importante, plus elle défavorise la gauche. En 1997, la gauche plurielle a remporté les élections législatives avec 44,4% contre 36,5% pour la droite. Pour cette consultation, le PS, le PCF, les Verts et la gauche radicale n'ont réussi à présenter des candidats communs que dans 34 circonscriptions sur les 577. Le pôle républicain de Pierre Chevènement participe avec 400 candidats brouillant ainsi toutes les pistes, alors que l'extrême gauche (LCR, PT et LO) sera représentée au total par 1280 candidats. La droite aussi s'engage en ordre dispersé. L'UMP, le parti pour la majorité présidentielle, sera présent dans 551 circonscriptions. Le nouveau parti de Chirac n'a pas réussi à mettre sous sa bannière les autres partis de droite. Le MPF de Villiers participera avec 292 candidats, le RPF de Pasqua avec 80 et L'UDF de François Bayrou sera présente dans 206 circonscriptions. Bayrou résiste toujours face à l'UMP et vise à glaner 20 députés pour garder son groupe parlementaire dans la perspective des présidentielles de 2007. C'est ainsi que la droite présente 1498 candidats alors que la gauche sortante du gouvernement en alignera 1206. Ces dissidences, qui inquiètent et la gauche et la droite, sont aggravées par le nombre de candidats, 15 en moyenne dans chaque circonscription. Le Front national, qui a percé lors de la présidentielle à travers la candidature de son chef Jean-Marie le Pen, reste menaçant et risque de surprendre la classe politique française qui semble avoir oublié déjà le 5 mai. Même si le FN n'a pas la chance de briguer au-delà de deux députés, il est certain qu'il arbitrera entre la gauche et la droite dans plusieurs circonscriptions. Selon les sondages, le Front national se maintiendra dans 237 circonscriptions. En 1997, il s'était maintenu dans 132 et il avait participé à 76 triangulaires et 56 duels. Et s'il réalise cette fois-ci le score de la présidentielle, le nombre des triangulaires sera plus important et plus favorable à la gauche. Enfin, la campagne électorale pour les législatives françaises a été plutôt morne où le débat sur les programmes était absent, subtilement esquivé par la droite qui n'a pas cessé de brandir le «spectre» de la cohabitation.