Les partis politiques français refusent de donner un siège aux 5 millions d'immigrés. L'accession pour la première fois dans l'histoire de la France de l'Algérienne Tokia Saïfi au poste de ministre, n'a, semble-t-il, rien changé pour la communauté arabe et maghrébine dans la carte politique de l'Hexagone. En dépit du recul de l'extrême droite après la présidentielle en France, la communauté française d'origine arabe et maghrébine, malgré son nombre important, trouve du mal à se positionner dans les listes électorales des partis politiques en lice dans les législatives qui se déroulent aujourd'hui. Pourtant le discours politique et sécuritaire est censé servir à régler les problèmes que vit cette communauté. Cette contradiction dans le comportement de la classe politique française est illustrée par des chiffres très éloquents. En effet, ils sont plus de 5 millions de confession musulmane, la seconde religion après le christianisme, à ne pas avoir un seul représentant au Parlement. Pis encore, jusqu'à l'heure actuelle, la majorité des immigrés est parquée dans des cités dortoirs, subissant le nouveau plan de Sarkozy. A eux seuls, ils représentent au moins 2 millions d'électeurs. Environ un quart des voix des socialistes viennent de l'émigration, et 18% pour le parti gaulliste de Jacques Chirac. Cela n'a rien changé aux législatives. Que veulent faire la France et ses partis de ce véritable réservoir électoral? La classe politique française donne, en tout cas, l'impression de vouloir réfléchir à la place des premiers concernés. Résultat: toutes les expériences engagées pour résoudre les problèmes des immigrés ont échoué. Un autre indice chiffré explique que le malaise est encore plus général. Même dans l'environnement immédiat qui est la commune, l'immigré ne trouve pas sa place malgré les discours électoraux alléchants. Sur les 37.000 élus communaux 180 seulement sont d'origine arabe et maghrébine. Manquant de moyens, certains immigrés essayent, tant bien que mal, de se présenter sur les listes indépendantes, mais tant que les grands partis ne leur tendent pas la main, leur succès relèverait du miracle. Le champ politique en France est, selon certains, miné au point que les grosses pointures, de droite comme de gauche, ont du mal à trouver leur compte. Par ailleurs, le vote massif pour le FN lors de l'élection présidentielle a poussé les partis, même les plus modérés, à caresser dans le sens du poil l'électorat d'origine française. Le manque flagrant de candidats d'origine étrangère sur les listes des partis peut, à lui seul, expliquer cette observation.