Incursion théologico-historique dans l'univers des groupes armés. La présence du maître incontesté de l'Islam sunnite en Algérie a été une occasion pour en savoir plus sur le phénomène islamiste et les groupes armés qui endeuillent le monde arabo-musulman depuis une bonne vingtaine d'années. En marge de la semaine nationale du Coran, séminaire théologico-politique qui s'est tenu à Sidi Fredj, trois raisons nous ont poussés à faire parler cet homme dont la mesure dans le langage et la douceur dans le geste et le regard renseignent sur des qualités humaines et intellectuelles exceptionnelles. D'abord, il s'agit du doyen et mufti d'El-Azhar, l'instance islamique et religieuse n°1 dans le monde et première référence de l'Islam sunnite dans le monde. Ensuite, il s'agit d'un homme qui a vécu la quasi-totalité des dogmes, schismes et mouvements radicaux depuis les années 50, qui a assisté à leur montée en force, à leurs distorsions et à leur chute. Enfin, il s'agit d'un érudit de grande notoriété, et dont le pays, l'Egypte, a été le lit, mieux, le berceau des mouvements extrémistes et radicaux qui ont influé dans une large mesure sur la pensée des groupes armés algériens (Djamaât el-mouslimine; Takfir oual Hidjra; Ikhwan el-mouslimine, etc.) Le cheikh Sayed Tantaoui ne louvoie pas, il est entier et va directement à l'idée qu'il veut faire ressortir. Lorsqu'un sujet ou une question lui apparaissent mal à propos, il le dit et les renvoie à un avenir proche.