Sans ancrage dans la société algérienne, elles ne font rien pour sortir de leur rôle de figurant. A chaque élection, ils sont présents même s'ils sont sûrs de ne rien gagner, sauf rares exceptions. «Ils», ce sont ces partis, qu'on qualifie dans les milieux de la presse et chez les citoyens, qui suivent la politique, «de petits partis». Dès la fin des élections et la proclamation des résultats, les chefs de ces formations politiques s'éclipsent non pas parce que leur formation n'a glané aucun siège au Parlement s'il s'agit de législatives, ou une commune s'il s'agit de scrutin local, mais simplement parce que ces responsables vont attendre la prochaine échéance pour revenir sur la scène. La logique d'une authentique démocratie et d'une véritable compétition politique dans le cadre d'un pluralisme crédible aurait voulu que ces formations, même si elles ne disparaissent pas du paysage politique national, fassent au moins le bilan de leur activisme politique et rectifient le tir par de nouveaux programmes et nouveau personnel d'encadrement. Cela n'a jamais été le cas. Les Zeghdoud, Mahdjoubia Chalabi, Mohamed Hadef, Bouaâcha, Abdelkader Merbah et compagnie dont les dénominations de leur formation échappent à la majorité des citoyens, reviennent toujours à l'occasion de campagnes électorales haranguer le peu de militants qu'ils possèdent ou passer sur les ondes de la radio et de la télévision dans le cadre de leur tranche horaire octroyée par la Commission de surveillance des élections. Avec des propositions autant farfelues que populistes, l'action de ces partis politiques reste confinée dans du verbiage sans aucun ancrage dans la société et encore moins une quelconque implication dans la résolution des problèmes vécus par le citoyen. Parfois, de simples candidats indépendants, jusque-là inconnus sur la scène nationale ou locale, réalisent de meilleurs scores que ces partis réunis dont certains ont quand même plus de 10 ans d'existence. Il y a donc quelque part une anomalie dans la création de ces formations politiques qui fausse le jeu électoral et, par voie de conséquence, la décantation politique tant attendue. Certes, il y a eu la fameuse loi de conformité des partis politiques à la Constitution de 1996 qui a obligé toutes les formations politiques à tenir des congrès sous peine de disparition. Celles-ci se sont exécutées et même ces petits partis ont tenu des semblants de congrès pour rester de la partie. Mais, la mesure ne s'est pas traduite par l'assainissement radical voulu, et le pays reste toujours sous l'emprise d'un multipartisme biaisé qui n'exprime pas les clivages politiques qui traversent la société algérienne. Résultat: 12 ans après l'instauration du multipartisme politique et médiatique dans le pays, la question de la présence sur la scène de ces partis qui sont régis beaucoup plus par des considérations d'ordre familial que par une véritable culture politique, reste posée. Car, contrairement à la presse écrite où la compétition et un minimum d'application des règles et principes de la commercialité ont fait que les petites publications ont été balayées de la scène journalistique, sur le plan de la politique politicienne, l'anachronisme et les dérives induites par l'échafaudage érigé par la Constitution de 1989 ont résisté à toutes les rectifications. Et, aujourd'hui encore, à la faveur de ces élections locales, ce sont pas moins de 24 partis politiques qui se sont engagés dans la course aux communes et aux wilayas. Mais au moins, la moitié est à peu près sûre de ne faire partie d'aucune Assemblée communale ou de wilaya. Alors pourquoi ces formations, dépourvues de base populaire puissante, se sont-elles engouffrées dans ces joutes électorales? Pour beaucoup, ces faux acteurs de la compétition politique et électorale ne sont animés que par la recherche de la notoriété politicomédiatique et ce qui va avec comme subventions étatiques et autres dividendes. Leur présence occasionnelle sur la scène, n'obéirait ainsi qu'à de simples intérêts matériels inhérents aux multiples consultations électorales, qui, ajoutés à leur manque de programme politique, font de ces microformations politiques d'ordinaires objets de décor.