On se focalise trop souvent sur les fans des clubs alors qu'ils ne sont conditionnés que pour mal réagir. On n'est pas près de voir le bout du tunnel avec la violence dans les stades. Souvent, trop souvent même, l'accent est mis sur le comportement de supporters dont certains sont carrément qualifiés de voyous. Il est trop aisé de s'en prendre à ces fans qui, il est vrai, n'ont de la sportivité et du respect envers autrui que quelques bribes de notion. De toutes les manières, tous les experts de la question convergent vers l'idée que le football n'est qu'une victime de cette violence et que celle-ci est transférée jusqu'au stade de divers endroits de la ville et de sa région, la plupart du temps par des gens qui se sentent marginalisés sur le plan social. Il faut, en effet, se focaliser sur le phénomène de l'exclusion et de la mal-vie pour trouver une cause avérée à la violence qui sévit dans et autour des stades. Les autorités, les services de sécurité et les responsables de club reconnaissent que tout n'est pas fait pour que l'accueil de ces supporters se fasse dans les meilleures conditions possibles. Trop souvent le stade est trop petit pour contenir toute la foule désireuse de voir le spectacle ce qui fait qu'un nombre de spectateurs est frustré de ne pas pouvoir y entrer. Quant à ceux qui ont eu ce privilège et cette chance, ils sont loin de bénéficier de toutes les commodités adéquates. C'est pourquoi, à l'heure du match, au lieu d'un spectateur serein vous obtenez un supporter prêt à exploser, surtout si son équipe ne tourne pas bien. Dans l'environnement d'un club de football tout est fait pour contribuer à réduire ce fléau à défaut de le vaincre totalement? Ce n'est, malheureusement, pas le cas quand on voit comment s'expriment, par voie de presse, tous ceux qui sont censés calmer le jeu. Nous voulons parler des joueurs, des techniciens et des responsables. Les premiers et les seconds, à défaut de montrer leurs compétences sur le terrain, ont la fâcheuse manie de se prendre pour les héros de l'histoire qui va avoir lieu. A la fin, ils deviennent les zéros de cette histoire à cause du spectacle affligeant qu'ils nous proposent avec un jeu décousu et sans grande imagination. Nous n'inventons rien, le championnat algérien passe pour être l'un des plus médiocres de la planète et l'équipe nationale, qui ne parvient plus à se qualifier, ne serait-ce qu'à une phase finale de la CAN, s'en ressent énormément. La troisième catégorie qui ne joue pas son rôle convenablement est celle des responsables de club. Il est des moments où il faut savoir éviter de mettre de l'huile sur le feu. Ce n'est pas du tout le cas dans le milieu du football algérien où on se donne un malin plaisir à se critiquer, par le biais de la presse. Certains accusent, les autres répondent, le tout par l'entremise de grosses manchettes des journaux. Dans l'affaire, on monte un camp contre un autre et les supporters de chaque équipe avec. Quand on apprend, par exemple, que les supporters de l'Entente de Sétif veulent «bouffer» de la JSK lors du match retour qui va opposer les deux clubs, on se dit que la violence a déjà commencé. Car cette violence n'est pas que physique. Elle est aussi verbale, provocatrice et conditionne les gens pour qu'ils fassent du mal. On ne peut que déplorer que la Fédération qui possède une commission de l'éthique n'ait pas réagi devant de tels manquements au fair-play et à la bonne conduite. Son président annonce que cette commission fera son travail le plus normalement du monde. On attend de voir si vraiment elle est capable de juger et de sévir. Il est heureux que des présidents comme Moh Cherif Hannachi de la JSK et Abdelhakim Serrar de l'Entente de Sétif soient montés au créneau pour faire baisser la pression. «J'ai toujours voué un grand respect pour l'ES Sétif», a dit le premier qui a ajouté: «Les deux clubs ont toujours eu de bons rapports et ce ne sont pas des déclarations qui changeront cela.» Quant au second, il a affirmé que «la JSK aura un accueil de roi à Sétif lors du match retour en tout cas, meilleur que celui de tous les autres clubs.» De tels propos viennent suppléer à la carence de la commission fédérale de l'éthique qui se complaît dans son endormissement et qui ne réagit que lorsqu'on la pointe du doigt. Et puis, on ne peut laisser de côté le rôle de la presse, notamment celui de certains confrères lesquels, au lieu d'atténuer les attaques, vont jusqu'à s'ériger en supporters d'un camp contre l'autre, le plus souvent sans être présents sur le site des incidents et qui vont jusqu'à porter des accusations à partir de ce qu'on leur a raconté. Dans les conditions actuelles, où la violence dans les stades est devenue un véritable fléau, il est des réactions pour le moins inappropriées. On apprend qu'au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports une loi est en voie d'élaboration pour combattre cette violence. Selon ce que nous avons appris, elle sera d'une extrême sévérité pas seulement pour les casseurs mais aussi pour ceux qui alimentent le phénomène par leurs propos ou par leurs écrits. Elle sera, au moins, une première arme que l'on espère efficace pour réduire la violence sachant que, comme nous l'avons dit, il y a un phénomène d'exclusion et de marginalisation et il faudra, impérativement, lui trouver des solutions adéquates.