38% des jeunes endettés se déclarent incapables de faire face au rembourssement. Crédit à la consommation, crédit véhicule, crédit immobilier, crédit d'appareils électroménagers... et les banques et les établissements financiers continuent encore et encore de multiplier leurs offres de crédits aux particuliers. Le nombre d'emprunteurs augmente tout comme le montant des prêts. «Mais si cela continue, notre pays risque de vivre une crise de surendettement d'ici deux ans», avertit le consultant international en économie M.Malek Serraï, ajoutant que «suite à une enquête discrète, 38% des jeunes endettés se déclarent incapables de rembourser leurs dettes». Intervenant hier au cours d'une table ronde consacrée à «la place du secteur privé dans la concrétisation des programmes économiques nationaux» au Centre d'El Moudjahid à Alger en présence d'une pléiade d'économistes, de professionnels et de chefs d'entreprise. Jadis, il n'y avait que le crédit immobilier mais actuellement 12 formules de crédit, entre le crédit immobilier et le crédit véhicule, sont proposées. Ainsi, on peut acheter sa voiture, sa maison, des appareils électroménagers, des micro-ordinateurs et de nombreux autres produits. Tout est désormais accessible et à la portée des ménages, grâce au crédit. Ces produits sont disponibles dans toutes les banques pratiquement. Il y a même une concurrence sur la qualité, le coût et la diversité des produits. L'engouement populaire pour les crédits à la consommation peut toutefois engendrer un surendettement des ménages. Comment peut-on se retrouver dans une situation d'endettement excessif? «Si les crédits dépassent 40% des revenus, le client est en situation d'endettement excessif», soulignent les experts. La voie vers le surendettement est souvent facilitée par l'accès facile aux crédits et le manque de garanties pour le consommateur. «Les banques ne donnent aucun délai aux clients pour décider et réfléchir avant d'emprunter. Cette situation est à double tranchant pour les banques: d'un côté, les emprunteurs augmentent rapidement et de l'autre, les risques d'impayés s'accroissent», explique M.Serraï qui propose de «revoir cette politique de distribution de crédit». L'orateur a indiqué au passage que «le ratio du crédit dans le secteur privé était de 17,6% en 2004. Il est passé à 23,3% en 2008». Au chapitre des crédits alloués aux entreprises, le consultant international s'exclame sur le silence, qui fait peur, de la Banque centrale. A ce propos, il a indiqué «qu'il y'a 5 entreprises privées qui ont bénéficié de 25% du volume du crédit économique national pendant que 560.000 dossiers de jeunes demandeurs attendent toujours». Sur sa lancée, M.Serraï interpelle les autorités compétentes «à une distribution rationnelle et démocratique des moyens financiers nationaux». Sur un autre registre, l'orateur a avancé le chiffre de «5 milliards de dollars de pertes par an en matière d'importation superflue». A ce sujet, il dira: «On importe des perruques, des poupées, des sous-vêtements en nylon, du plastique...Il faut revoir la politique de l'importation.» Dans cette optique, l'intervenant a soulevé la problématique de l'aide financière aux agriculteurs, donnant comme exemple la grande industrie de la tomate à l'Est du pays. «Alors qu'on était à plus de 15 unités de production et à des dizaines de milliers d'employés, l'importation de la tomate de l'étranger, notamment de la Tunisie, bien que des enquêtes ont prouvé qu'elle provient de nombreux pays et même d'Israël, au lieu d'encourager la production locale, a abouti à la fermeture de 12 unités de production et à des milliers de travailleurs au chômage.» En conclusion, la place du secteur privé dans la concrétisation des programmes économiques nationaux, «demeure faible en raison de plusieurs facteurs, entre autres, les contraintes administratives», estime l'expert international le Dr Mustapha Mekidèche.