La loi de finances complémentaire pour 2009 a enterré le rêve de beaucoup d'Algériens d'acquérir un véhicule ou encore d'accéder à des produits mobiliers et électroménagers qu'ils n'auraient jamais pu acheter sans cette facilité de payement, dont certaines s'échelonnent sur cinq ans. L'article 75 de cette loi stipule que «les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers». Cette mesure est applicable à toutes les banques, qu'elles soient du secteur public ou privé. Le premier objectif semble être l'orientation des banques vers le crédit immobilier afin de permettre l'essor du marché du logement. Mais cette mesure, qui est à coup sûr fort impopulaire, n'a pas de conséquences uniquement sur les consommateurs. Les concessionnaires automobiles, les banques ou encore l'industrie de l'électroménager seront également pénalisés. Mécontentements vis-à-vis de cette mesure, les concessionnaires automobiles s'attendent déjà à un net recul des ventes. Certains appréhendent même «la chute libre» car «80% des ventes se font par crédit bancaire». Plus que ça, les postes d'emploi seront menacés. D'autres parlent de «disparition pure et simple de plusieurs concessionnaires d'automobiles». La déception, à la suite d'une telle décision, est constatée également du côté des acteurs de certains secteurs d'activité qui vont subir de plein fouet les effets. Des entreprises publiques comme l'ENIE et l'ENIEM, dont le chiffre d'affaires réalisé ces dernières années reposaient en majeure partie sur le volume des ventes à crédit vont subir à coup sûr des pertes nettes. Selon un représentant d'une de ces marques, les effets négatifs de la suspension du crédit à la consommation vont se manifester sur les carnets de commande de l'entreprise, qui n'aura d'autre alternative que de mettre à l'arrêt quelques chaînes de production. Reste à savoir quel avenir sera réservé à la centrale des risques installée par la Banque d'Algérie. L'objectif visé par cette centrale est de recueillir de chaque banque et établissement financier le nom des bénéficiaires des crédits, la nature et le plafond des crédits accordés, le montant des utilisations ainsi que les garanties consenties pour chaque crédit, alors que désormais, ces types de crédit sont supprimés à la faveur de la LFC 2009. Enfin, et au risque de se répéter, cette décision de suspendre le crédit à la consommation pénalise les consommateurs, notamment la classe moyenne -laminée par la destruction économique des années 80- qui était en train de se reconstituer grâce à cette formule. Le rôle des décideurs est certes de faire face à la crise économique en préservant les réserves de changes et les équilibres financiers mais son rôle est également de réguler le marché, préserver l'emploi et offrir de meilleures conditions de vie à la population. Le gouvernement se sent-il aujourd'hui assez armé pour faire face au seul risque de compression des effectifs alors même que le taux de chômage en Algérie est assez élevé ? H. Y.