Photo : S. Zoheïr Par Badiaa Amarni A la faveur du lancement, il y a quelques années, des crédits à la consommation, de plus en plus d'Algériens contractent des dettes auprès des banques et arrivent difficilement à les rembourser. Le surendettement des ménages ne leur donne plus les moyens de faire face à leurs dépenses au quotidien. Cette situation risque de leur nuire davantage surtout à l'approche de deux événements importants dans la vie des Algériens, le Ramadhan et la rentrée scolaire qui se succèderont encore une fois cette année. De plus en plus de ménages algériens, et parce que nombreux sont ceux qui n'ont pas les moyens nécessaires, se rabattent sur les banques pour financer leurs différents projets, entre autres, l'achat d'un véhicule, d'appareils électroménagers ou encore d'un logement. Beaucoup de ces institutions bancaires, surtout étrangères, financent ce genre de crédits, à l'exemple de la Housing Bank et de Cetelem, filiale de la banque BNP Paribas. Cette dernière intervient aujourd'hui sur trois activités principales. Il s'agit du crédit à l'automobile, du financement des biens d'équipement des ménages et, depuis janvier 2008, a été introduit le prêt personnel qui représente un peu moins de 10% de la production globale mensuelle, pour un montant moyen de crédit de 250 000 DA. Etude personnalisée du client pour tout crédit Lors des octrois des crédits, la banque procède à une étude personnalisée du client, basée sur la vérification de sa solvabilité en intégrant aussi bien ses charges que ses revenus afin de lui assurer l'équilibre de son budget. Cetelem affirme «dire non aux clients» lorsque l'opération de crédit n'est pas raisonnable ou risque de nuire à l'intérêt du demandeur. Le taux de refus enregistré à ce jour au niveau de cette banque est estimé à environ 40% des demandes effectuées. Sur les problèmes rencontrés par la banque, notamment en ce qui concerne les difficultés des clients à rembourser le crédit, la responsable Action commerciale et marketing de cette banque a déclaré que Cetelem «est très attentive lors de l'étude des dossiers de crédit à maintenir l'équilibre du budget de ses clients». Malgré tout, ajoute-t-elle, «des incidents peuvent survenir et, suivant les cas et les situations, Cetelem privilégie la solution amiable avant d'entamer des procédures juridiques». Il faut savoir que le niveau d'impayés enregistré à ce jour reste raisonnable. Le taux de pertes prévues par l'entreprise est de 2% mais, dans l'immense majorité des cas, tout se passe bien. Les taux d'impayés dans les normes De son côté, la Housing Bank estime que le taux d'impayés enregistré se situe dans les normes admises en Algérie et dans les pays en voie de développement. Depuis avril 2008, «les banques déclarent les crédits octroyés à une structure appelée la centrale des risques, au niveau de la Banque d'Algérie», nous explique la responsable du marketing au niveau de cette institution. Ce qui constitue, selon elle, «une première étape dans la création de la centrale des ménages visant justement à éviter le surendettement des ménages». Notre interlocutrice ajoute aussi que «la banque prépare actuellement le lancement de nouveaux produits». Il s'agit des produits d'épargne et des produits électroniques. Il faut rappeler que la Housing Bank a lancé, dès le démarrage de ses activités, des crédits à la consommation en vue de répondre aux besoins d'un segment important de sa clientèle, à savoir celui des particuliers. Au départ, «nous avons commercialisé les crédits immobiliers, les crédits véhicules et les crédits à la consommation ainsi que les avances sur salaires. Par la suite, nous avons élargi notre gamme aux crédits voyages, mariages et formation», souligne notre interlocutrice. Tous ces produits sont actuellement disponibles au niveau des agences de la Housing Bank. Selon la responsable du marketing, «le bilan est positif et le portefeuille des crédits aux particuliers est en constante évolution notamment avec la mise en place des conventions de financement des besoins des salariés des sociétés». Pour ce qui est des conditions d'octroi des crédits, elles sont liées essentiellement aux revenus du postulant. Ce dernier doit disposer de revenus lui permettant de régler sa mensualité tout en assurant la couverture des charges familiales. Il est donc exigé du postulant, pour l'étude d'un dossier de crédit, de disposer d'un salaire régulier et d'un poste de travail permanent. Les spécialistes dans le domaine des finances ont mis en garde les Algériens contre tout abus dans la demande de crédits alloués à la consommation. Ils expliquent que ces crédits peuvent menacer l'équilibre des revenus des familles en Algérie. Même si le taux paraît faible par rapport aux autres crédits, ils représentent toutefois un risque vu leur croissance et leur diversité. 210 milliards de dinars de crédits en 2007 aux familles Globalement, le volume des crédits accordés l'année dernière par les banques activant en Algérie a dépassé 2 100 milliards de dinars. 90% de ces crédits, soit l'équivalent de plus de 1 890 milliards de dinars, ont été accordés aux entreprises, alors que les 10% qui restent, soit l'équivalent de 210 milliards de dinars, ont été accordés aux familles et aux personnes. Deux tiers des crédits accordés aux particuliers sont des crédits immobiliers remboursés sur une échéance de 10 à 30 ans. Il faut retenir qu'une centrale des risques sera mise en place à la fin de l'année 2008 ou au début de 2009. Son rôle consiste en la gestion des crédits à la consommation accordés par les banques publiques. Son intervention sera nécessaire en cas de défaillance budgétaire enregistrée dans les portefeuilles chargés de ce genre de crédits, notamment les crédits automobiles, pour l'électroménager et même l'immobilier. Les Algériens, au rythme des dettes qu'ils contractent auprès des banques pour financer leurs projets, soit l'achat d'une voiture ou encore d'un logement, voire des appareils électroménagers pour équiper leur maison, risquent d'être surendettés, surtout ceux qui contractent plusieurs crédits à la fois. Beaucoup disent qu'ils ne savent plus à quel saint se vouer ni encore comment passer le mois de Ramadhan, et encore moins préparer la rentrée scolaire de leurs enfants qui exige souvent des dépenses supplémentaires. Certains, à force de dettes auprès des banques, ne gardent qu'une infime partie de leurs salaires. Ne dit-on pas qu'il faut toujours avoir la tête sur les épaules et vivre selon ses capacités. B. A. Assurances-crédits : 200 millions DA de chiffre d'affaires au premier trimestre 2008 Une croissance de 42% sur le nouveau produit assurance-crédit à la consommation a été enregistrée au premier trimestre 2008 avec environ 200 millions de dinars de chiffre d'affaires réalisé sur cette période, a récemment indiqué le Conseil national des assurances (CNA). Ce dernier, qui a rendu publique cette information, fait savoir que «l'évolution du chiffre d'affaires de cette nouvelle branche d'assurance est liée à celle du crédit à la consommation (immobilier, véhicules, etc.) qui connaît un engouement de plus en plus important de la part des ménages». Le CNA fait remarquer que les compagnies d'assurance évoluant dans cette branche ont relevé «une forte augmentation de leurs chiffres d'affaires, notamment dans le crédit à l'immobilier où plusieurs conventions de partenariat ont été signées avec les banques». Il faut rappeler que l'assurance-crédit occupait durant les trois premiers mois de l'année 2008 un taux de 0,81% de la production globale du secteur des assurances contre 0,76% au 1er trimestre 2007. Cette tendance haussière du crédit à la consommation risque de fléchir les mois prochains, prédisent les spécialistes et ce, en raison de la nouvelle taxe imposée pour l'achat d'un véhicule neuf qui va faire reculer les ventes. Une autre raison qu'avancent les spécialistes est aussi le recul de la demande des ménages des crédits immobiliers à cause des retards accusés par les entrepreneurs pour l'achèvement des chantiers, notamment pour ce qui est de la formule LSP.