La FIA a permis de confirmer que les opérateurs étrangers sont à la recherche du temps perdu. Ce n'est certainement pas un hasard si la Foire internationale d'Alger, 35e du nom, a connu un record de participation qui en fait, désormais, le principal carrefour africain, et un important rendez-vous planétaire où se nouent les bonnes affaires. Il a fallu du temps, batailler dur, faire montre de pas mal de bonne volonté, avant de pouvoir prouver que les perspectives d'investissement en Algérie constituent des créneaux particulièrement porteurs en ces temps de récession économique quasi généralisée. Les quelques rares firmes étrangères à s'être jetées à l'eau les premières n'en ont guère été déçues. Loin s'en faut. Henkel-Enad est au top des ventes. Elle réalise des chiffres d'affaires inespérés. Ses dirigeants n'en reviennent pas. Ils ne s'attendaient pas, non plus, à toutes les facilités proposées par l'Etat en matière de soutien aux nouveaux investissements. Elle projette, sur la lancée, de racheter de nouvelles unités et de faire rayonner sa production en direction de tout le Maghreb, de l'Afrique noire et peut-être vers d'autres pays de la planète. Ispat, qui a lié sa destinée à Sider, réalise, elle aussi, des chiffres d'affaires inespérés, profitant à fond du savoir-faire algérien et des ressources naturelles du pays qu'il suffit de se baisser pour les ramasser. Ces éclatantes réussites ont de quoi faire saliver mille et une firmes étrangères, le chiffre approximatif du nombre d'exposants à la FIA. Désormais, la situation sécuritaire n'arrête guère grand monde. Quant à la conjoncture politique, il faut croire qu'elle agrée les puissants de ce monde au-delà de toutes les prévisions des organisateurs des législatives du 30 mai passé. Il faut dire que l'émergence de grands groupes nationaux, particulièrement servis par la demande insatisfaite de notre marché et la législation encourageant ce genre d'initiatives, a fini de convaincre les plus réticents et les plus frileux des investisseurs étrangers. Les investissements très lourds de Saïdal, Frigor, Enie, Fruital, Khalifa, Pepsi, BCR, pour ne citer que ceux-là, ne pouvaient en aucun cas être jugés «artificiels» puisque tous se sont mis en conformité avec les normes internationales de qualité les plus sévères qui soient, qui ne donnent plus droit à l'erreur. Les investisseurs potentiels, dès lors, se bousculent au portillon algérien. Ils suivent de près, au demeurant, la diplomatie algérienne qui, elle aussi, sous l'impulsion du chef de l'Etat, lui qui a consacré une bonne partie de sa législature à promouvoir l'image de marque de notre pays dans des forums économiques d'une inénarrable renommée internationale. Le plan de privatisation initié par Nordine Boukrouh, quoiqu'il soit discutable sur de nombreux points comme n'a pas manqué de le souligner l'Ugta, ne cesse pas d'offrir des perspectives nouvelles aux investisseurs qui veulent encore rattraper le temps perdu. Il est certain que des correctifs de taille seront apportés à ce plan. Il est peut-être même possible que des changements interviennent à la tête de ce département. Il n'en demeure pas moins acquis que rien n'arrêtera la privatisation, quelle qu'en soit la forme finale. Rien, en outre, ne semble se dresser sur le chemin de la relance économique effective, même si des couacs perdurent et inhibent encore l'accélération souhaitée par tous. Outre la réforme du système financier, la bureaucratie patente et l'incertitude des indices macroéconomiques, l'adhésion définitive de l'Algérie à l'OMC, mais aussi l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE seront, eux aussi, des facteurs déterminants pour les ultimes retardataires, ceux qui n'ont pas encore compris que le risque Algérie n'est plus ce qu'il était.