Les résultats du parti aux législatives sont le fruit d'une mauvaise politique. Après avoir créé un site Internet, l'opposition politique au cheikh Nahnah s'organise de nouveau, profitant de la déroute électorale, au lendemain des législatives du 30 mai. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire islamiste Ennour El-djadid, l'un des fondateurs du mouvement Hamas dans les années 90, cheikh Boudjemaâ Ayad, s'est exprimé pour la première fois depuis sa mise à l'écart du parti par Mahfoud Nahnah en 1990. M.Ayad a d'abord essayé d'expliquer le revers essuyé par le MSP aux dernières élections, indiquant que les résultats du parti aux législatives sont le fruit d'une mauvaise politique qui a conduit le parti à s'éloigner de la société et à ne penser qu'à ses intérêts personnels. Le membre fondateur de l'ex-mouvement Hamas s'interroge sur le bilan politique et parlementaire des députés du MSP durant la législature précédente. «Comment se fait-il que des députés du mouvement, qui ne se sont jamais exprimés sur les problèmes des citoyens durant cinq ans, ont été reconduits sur les listes électorales du parti?», s'interroge M.Ayad. Il reproche, en fait, à ces députés de s'être éloignés des préceptes et fondements de l'Islam et d'avoir propagé le faste et le divertissement, plongeant la société dans la pauvreté et l'ignorance. M.Ayad accuse Mahfoud Nahnah d'avoir freiné l'élan du courant islamiste issu de la base du peuple en renonçant au discours religieux: «Qala Allah et qala El-Rassoul». Interrogé sur la possibilité d'un changement à la tête du mouvement en cas d'organisation d'un congrès, M.Ayad a répondu que pour organiser un congrès et changer la direction du parti, il faut avoir l'aval du majliss echoura. Or, dans la situation actuelle, Nahnah détient tous les leviers de commande dans le parti et, par conséquent, le majliss echoura ne peut pas réagir sans l'aval de Nahnah. L'opposant au leader du MSP ajoute que la seule solution pour changer la direction du parti est de provoquer une ébullition au sein de ses fidèles éléments. S'agissant du soutien du pouvoir au parti qu'il a toujours servi, M.Ayad a déclaré que le pouvoir ne s'est pas encore débarrassé du MSP. Pour preuve, il vient de lui accorder plus d'une trentaine de sièges. En revanche, le pouvoir s'est débarrassé du mouvement Ennahda, et quand il n'aura plus besoin du MSP il en fera de même. Enfin, M.Boudjemaâ Ayad a déclaré que l'une des causes des problèmes en Algérie reste cette volonté d'exclure le courant islamiste de la réalité politique algérienne.