Le duel à distance s'accentue entre deux hommes de loi réputés et devant servir de modèle pour les nouvelles générations. A bon chat bon rat. Le bâtonnier Me Abdel-madjid Sellini, élu à l'écrasante majorité aux élections du Conseil de l'Ordre d'Alger, et son adversaire Me Chaoui, s'échangent des propos acerbes. La tension monte d'un cran. C'est une attaque et une contre-attaque. Le premier défend bec et ongles ses positions, le second remet en cause la légitimité de son élection. Contacté hier par l'Expression, Maître Chaoui précise: «On ne reconnaît pas cette élection où tous genres de dépassements ont été permis au détriment d'une loi claire et précise.» Il enfonce le clou en soulignant que Me Sellini, bâtonnier sorti et non sortant selon ses dires, a choisi à lui seul les membres de la commission, les dates ainsi que les lieux des élections. Le vote des stagiaires, Me Chaoui le qualifie d'un «dépassement outrageux.» «Ces stagiaires sont manipulés, pris en otage pour voter pour lui (Sellini Ndlr)», s'explique notre vis-à-vis. Or, comme attendu, le bâtonnier Me Sellini a raflé la majorité des sièges. Sur les 3940 inscrits, il y a eu 1733 votants, soit un taux de participation de 43,98%. Lors du 1er tour, qui s'était déroulé une semaine avant, ce taux était supérieur à 35%. Qu'entendent faire Me Chaoui et ses partisans? «On a huit jours pour aller au Conseil d'Etat. Nombreux sont les avocats contestataires de cette élection qui seront avec nous», a-t-il précisé. La requête du courant de Me Chaoui sera déposée au cours de la semaine. «Nous sommes des gens de droit. On ne peut pas accepter des élections qui ne sont ni honnêtes ni légales et non moins transparentes.» Quoi qu'il en soit, le bâtonnat d'Alger se retrouve avec un conseil d'une légitimité «hautement contestée.» D'une part, on relève le faible taux de participation aux deux tours des élections, et de l'autre, il convient de signaler le refus de plusieurs avocats de participer à ce qu'ils ont qualifié de «mascarade.» A quand le réveil d'une telle torpeur? Une question sans réponse. Conforté par sa grande réussite, Me Abdelmadjid Sellini ne semble pas outre mesure inquiété par les propos de ses adversaires. Les 31 membres du nouveau Conseil de l'Ordre installés hier, ont procédé à son élection en qualité de bâtonnier d'Alger. Et pour répondre aux déclarations de Me Chaoui, Me Sellini a précisé: «Celui qui s'entête pour le jugement des urnes refuse les règles démocratiques.» Et de tirer à boulets rouges sur son rival: «Il n'est que l'adversaire de lui-même», fustige le bâtonnier. Le duel à distance s'accentue entre deux hommes de loi réputés et devant servir de modèles pour les nouvelles générations. Entre accusations, ripostes...ces deux avocats ne risquent-ils- pas de perdre de leur crédibilité? Fort probable. La piètre prestation, agressive également, livrée sur un terrain déjà entaché d'irrégularités n'est à la faveur de personne. L'image que donne cette élection est négative à plus d'un titre. Dans ses déclarations faites hier à L'Expression, Me Sellini affirme que son adversaire porte préjudice à toute une corporation, celle des avocats. «Il n'a pas le droit de discréditer une telle décision qui fait de moi le vainqueur des élections», a-t-il dit. S'agissant du vote des stagiaires ayant constitué la pomme de discorde entre ces deux hommes de loi, notre interlocuteur résume tout ce qui a été dit par Me Chaoui. «C'est une question de jalousie, rien d'autre. Et cela ne m'étonne absolument pas étant donné que l'auteur de ces propos s'entête à être aveugle.» Au lieu de voir clair, les deux avocats lavent leur linge sale en public.