Contrairement à la présidentielle de 2004, la forte mobilisation citoyenne fait son chemin. C'est la grande bataille entre les partisans du vote et ceux du boycott même si la balance penche en faveur des premiers cités. Les résultats du 9 avril prochain donneront un aperçu quant à la maturité politique des Algériens de manière générale et des électeurs en particulier. Là est le premier constat qui nécessite d'être relevé en attendant la sentence de l'urne. La présidentielle 2009 revêt un intérêt particulier et constitue un enjeu majeur. Les six candidats mettent les bouchées doubles. Les plus au fait prévoient une forte participation. «Il est temps de bannir le boycott et de sauter les verrous empêchant les indécis de se rendre aux isoloirs», a affirmé un militant du RND. Le but est de rallier le maximum des voix, notamment les électeurs indécis et la majorité silencieuse. Et le 9 avril devrait permettre une rupture avec le renoncement et la privation. Le consensus est perceptible. Il y va de l'avenir du pays. Contrairement à la présidentielle de 2004, la forte mobilisation citoyenne fait son chemin même si certains soutiennent que les Oranais sont désintéressés par la chose politique. Et pour contredire ces allégations, les Oranais suivent avec grand intérêt l'actualité nationale. «Le devenir de l'Algérie est tributaire des effets du 9 avril», confie Mohamed, chauffeur de taxi qui nous a mis en garde lorsque nous nous sommes rendus au grand quartier populaire de Saint-Pierre, fief de repli des narcotrafiquants. Sur les lieux, la Cosa Nostra locale de la drogue règne. Cependant, les partisans du vote ont pu franchir la «zone interdite» pour coller les affiches et posters des six candidats. «Sahbi, écris dans ton journal, comme tous les Algériens, les habitants d'Oran iront en force aux urnes, nous sommes conscients du devenir de notre pays», ont affirmé certains habitants du quartier. Leur conviction: le vote est un droit constitutionnel. Et ces derniers d'ajouter: «L'important est d'élire le président de la République.» Même son de cloche au niveau d'un autre pôle de la misère, le quartier Derb. Les séquelles des derniers effondrements sont toujours visibles. A peine franchi le premier couloir du boulevard Maâta (derrière le siège de la permanence du MSP, aile Menasra), des yeux interloqués nous lorgnent. A l'entrée même, une vieille femme, traînant sa misère, s'est écriée: «Si c'est pour le recensement que tu viens, ma maison menace de s'écrouler et personne n'a voulu m'écouter.» D'un ton acerbe, elle ironise: «J'espère que ta présence sur les lieux n'a rien à voir avec l'élection.» Pourtant, elle assurera: «J'irai voter et Allah yjib el khir». Il faut briser le mur d'isolement. En attendant le jour de vérité, les candidats tentent, chacun à sa manière, de convaincre l'électorat d'opter pour son programme.