L'entrée en jeu du FFS, à quelques jours seulement de la clôture de la campagne électorale, a ostensiblement balancé la donne en faveur du boycott dans la région, estiment des observateurs. Les 481 052 votants inscrits dans la wilaya de Béjaïa sont attendus par l'administration aujourd'hui à travers les 1 152 bureaux de vote pour l'accomplissement de leur devoir électoral. Il faut dire que trois semaines durant, la campagne électorale dans la région de Béjaïa n'a pas vraiment emballé les citoyens. Aux premiers jours de ces joutes électorales, l'arène a été largement dominée en apparence et en particulier par les partisans du Président-candidat qui ont les “moyens” de leur politique et qui bénéficient des “largesses” de l'administration locale, comme en témoigne son implication directe dans les préparatifs et le déroulement du meeting du Président-candidat, le 25 mars dernier à la salle Bleue de Béjaïa. Il était le deuxième candidat a avoir foulé, ce jour-là, le sol de Béjaïa dans ce cadre après Moussa Touati, le candidat du FNA. Viennent ensuite les candidats Louisa Hanoune et Mohamed-Saïd Oubelaïd. Jusque-là, la région vit au rythme d'une campagne électorale à sens unique. Celle en faveur d'une participation massive au scrutin d'aujourd'hui. Des candidats sont allés jusqu'à lancer des appels aux électeurs de la région, lors de leurs meetings respectifs, à voter même à blanc au point de reléguer au second plan l'explication des axes de leur programme électoral. C'est le premier signe, selon les observateurs de la scène politique locale, d'une certaine panique qui s'est emparée de l'administration eu égard au désintéressement, voire l'indifférence affichés par les citoyens. “Ce qui intéresse le pouvoir, c'est un fort taux de participation et non l'expression du suffrage exprimé du fait que tout le monde sait que le Président-candidat est le candidat-Président”, estiment des observateurs au fait de la chose politique. Cependant, l'entrée en scène du FFS qui a accéléré la cadence la dernière semaine de la campagne électorale en faveur du boycott a bousculé la donne dans la région. Du coup, ceux qui pronostiquaient une participation appréciable pour le jour du vote ont revu leurs calculs à la baisse vu la mobilisation suscitée par le parti d'Aït Ahmed. La forte participation citoyenne au meeting, appuyée d'une marche du premier secrétaire national du FFS, le 2 mars dernier à Béjaïa, puis à Souk El-Tenine et dans la vallée de la Soummam, pour le boycott de l'élection que prône son parti, a laissé apparaître cette tendance politique sur le terrain. La sortie sur le terrain du FFS est reçue finalement comme une bouffée d'oxygène par la population locale priée jusque-là à une participation. Le discours agressif développé dans les interventions publiques du responsable du FFS “a libéré les citoyens de leur peur” au point où des étudiants de l'université de Béjaïa sont venus apporter de l'eau au moulin du parti d'Aït Ahmed en organisant, eux aussi, une marche pour le boycott, le dernier jour de la campagne électorale, avant que des ex-délégués du mouvement citoyen du Printemps noir ne “mettent les pieds dans le plat de l'élection” par des appels à des marches contre le vote, hier, à Akbou, et aujourd'hui à El-Kseur. Ce forcing de dernière minute des partisans du boycott de cette échéance électorale fait planer le spectre d'une forte abstention. Mais attendons le jour J pour savoir dans les faits si les appels au boycott seront réellement suivis par les populations.