Les entreprises de réalisation rencontrent des difficultés à répondre aux appels d'offres lancés par les maîtres d'ouvrage, en témoignent les avis publiés dans la presse. En effet, il ne se passe pas un seul jour sans que des avis d'infructuosité ou de mises en demeure concernant les marchés publics ne soient publiés. Même après la prorogation des délais de soumission, les projets ne trouvent pas preneurs. Lorsque le marché est conclu, on assiste plutôt à des défaillances des entités en charge de la réalisation. Les raisons justifiant cet état de fait ne manquent pas. Certaines sources avancent que les entreprises qui proposent leurs services ne confectionnent pas souvent des dossiers conformes aux exigences des clients. La liste des documents demandée est souvent très longue et il arrive que certaines pièces justificatives manquent. Dans certains cas, il faut au moins 14 pièces pour pouvoir être éligible à la soumission. Lorsque toutes les conditions de soumission sont réunies, il arrive que les projets proposés fassent appel à un très haut degré de spécialisation. Ce qui n'est pas nécessairement à la portée de toutes les entreprises. Ces dernières manquent aussi de cadres pour l'étude des projets et les chantiers sont abandonnés avec tous les tracas que cela cause pour leurs propriétaires. Il y a peu de techniciens qui se déplacent sur les sites destinés à la réalisation des infrastructures et les demandes de soumission sont effectuées uniquement sur la base de dossiers. Or, les chantiers peuvent réserver des surprises qui se révèlent insurmontables. C'est le cas aussi lorsque l'entreprise se base sur les coûts estimatifs des projets sans que cela ne soit souvent en adéquation avec les contraintes rencontrées sur le terrain et qui peuvent générer des surcoûts. La taille des sociétés est un autre handicap qui les empêche de soumissionner ou de passer à la phase pratique de concrétisation des projets, notamment dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. En conséquence, les grands projets échappent aux entreprises locales, hormis certaines d'entre elles comme Cosider. Des suggestions ont bel et bien été proposées pour que les entreprises de plus de 50 employés engagent des ingénieurs afin de mieux encadrer l'activité mais l'amateurisme et l'artisanat continuent de caractériser ce secteur, comme l'a souligné Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des architectes experts. Pourtant, des procédures techniques, comme le sondage des sols, sont impératifs pour garantir un cheminement normal des projets. D'autres entreprises tentent de multiplier leurs chances d'obtenir des marchés en participant à plusieurs appels d'offres. Si elles en prennent plus d'un, leurs moyens ne leur permettent pas d'en assumer l'exécution, et elles abandonnent ceux qu'elles jugent moins rentables, obligeant le maître d'ouvrage à rechercher d'autres partenaires. L'un des éléments expliquant le peu d'engagement de ces entités est leur caractère local. En effet, si une entreprise est établie à Oran, il lui est presque impossible de décrocher des chantiers dans des wilayas lointaines en raison de la logistique que cela requiert pour déplacer les engins et autres matériels nécessaires. Seuls les grands projets échappent à cette règle car l'Etat tente de s'entourer d'un maximum de précautions pour mener à bien ses plans dans les infrastructures publiques. Même lorsque les entreprises étrangères ont boudé le projet de la nouvelle aérogare d'Alger, l'Etat a tout de suite confié la réalisation à des locaux.