Hormis Sonatrach, Sonelgaz et Saidal, les autres entreprises ont tendance à négliger l'intelligence économique. Les entreprises algériennes, publiques et privées doivent suivre les mutations mondiales et chercher de nouvelles stratégies pour se développer. «L'intelligence économique est un ensemble d'actions coordonnées portant sur des recherches de traitement et de distribution afin de protéger l'information obtenue d'une manière légale» estime le professeur en sciences de gestion à l'université de Reims et à l'université de Paris, M.Faouzi Bensebaâ. Animant hier à Alger un séminaire sur l'intelligence économique, ce consultant, formateur en stratégie et intelligence économique, souligne que «l'entreprise ne peut garantir son existence que si elle repose sur trois principaux axes: développer une stratégie de veille d'abord. Ensuite, sécuriser l'information et puis se doter d'un lobbying. C'est-à-dire, s'imposer sur le marché». Destiné aux dirigeants d'entreprise, ce séminaire met l'intelligence économique en action et vise à permettre la maîtrise des concepts-clés de l'intelligence économique et les techniques de la veille stratégique afin d'anticiper les situations les plus dangereuses et de prémunir contre les menaces de l'environnement. Il y a lieu de noter que le conférencier a fait le tour du monde pour donner des exemples sur des entreprises ayant adopté l'intelligence économique dans leur gestion, au Maroc, aux USA, en Chine...Mais qu'en est-il de l'Algérie? Interpellé par L'Expression sur le cas des entreprises algériennes et le genre de stratégie adopté par elles, l'orateur regrette l'absence de données sur le sujet. Selon des experts, rares sont les entreprises maîtrisant l'intelligence économique. Hormis les grandes entreprises publiques telles que Sonatrach, Sonelgaz et Saidal, les autres ont tendance à le négliger. Pourquoi? Les experts donnent différentes explications. Il y a le problème d'accès à l'information, dû en particulier au manque d'informatisation des données. «Il y a un retard énorme dans ce domaine», estiment des spécialistes. Pour ces derniers, l'intelligence économique se heurte en Algérie à l'instabilité du marché et au problème de la centralisation de l'information. «L'entreprise doit analyser son marché et son environnement pour ne pas être dépassée par les événements. Sinon, elle va couler», selon des économistes. Si l'Algérie met aujourd'hui les bouchées doubles pour rattraper un relatif retard pour la sensibilisation sur cette question, cela semble lui être surtout dicté par son nouvel environnement économique caractérisé, bien sûr, par la transition d'une économie administrée à une économie de marché, mais aussi par la signature de l'Accord d'association avec l'Union européenne, effectif depuis septembre 2005, ainsi que son intention d'intégrer l'Organisation mondiale du commerce. Ce qui revient à dire que l'entreprise algérienne en particulier, et l'économie nationale en général, sont appelées à faire face crescendo à une concurrence tous azimuts. L'absence de stratégie à même de protéger l'entreprise algérienne est une autre forme de suicide.