Il faut que le continent africain sache résoudre lui-même les problèmes posés par ses footballeurs. Le rideau est tombé sur la 8e édition de la CAN de football des U17 après avoir consacré la Gambie qui s'est adjugée le trophée mis en jeu pour la seconde fois de son histoire après son succès de 2005 face au Ghana en finale (1-0). Cette année-là les Gambiens s'étaient imposés à domicile alors que cette année, c'est en déplacement, en Algérie, qu'ils ont réussi la passe de deux. Un succès logique et mérité si l'on tient compte de leur parcours où ils ont remporté cinq victoires en autant de matchs, inscrivant 12 buts et n'en encaissant qu'un seul, celui concédé sur penalty en finale face à l'Algérie. Du reste, pouvait-il en être autrement lorsque par la taille vous dépassez largement tous vos adversaires. Il nous revient immédiatement en tête la boutade lancée par l'entraîneur de la JSM Béjaïa, Jean-Yves Chay. De retour avec son équipe du Sénégal où elle avait disputé un match de la Coupe de la CAF, il a pris le même avion que la sélection gambienne vers Alger. S'apercevant de la morphologie des «Scorpions», il ne s'était pas gêné de demander à un des responsables de cette équipe gambienne: «Vous les avez laissés où vos cadets?» Ceci pour dire que bien avant que le tournoi de la CAN ne débute, la Gambie faisait figure de favori. Voilà pourquoi une ambiance de suspicion sur l'âge des compétiteurs a pesé lors de cette CAN des U17. Ce n'est, d'ailleurs, pas pour rien que le Niger a été disqualifié du tournoi pour avoir fraudé sur l'âge d'un de ses joueurs. Interviewé par un de nos confrères de RFI, l'entraîneur adjoint de cette équipe du Niger a eu cette phrase assez significative: «On nous accuse d'avoir fait jouer un joueur qui avait plus de 17 ans. O.K., le Niger accepte la sentence mais qu'on le fasse pour tout le monde. Je suis sûr que la Gambie, le Burkina Faso et le Cameroun ont ramené avec eux plusieurs joueurs qui n'avaient pas l'âge requis pour disputer cette CAN. Il y a de nombreux joueurs gambiens que nous avons affrontés il y a deux ans pour le compte de la même compétition.» De son côté, l'entraîneur de l'équipe algérienne, Athmane Ibrir, n'y est pas allé par quatre chemins. «Nous sommes tombés sur un adversaire plus athlétique avec des joueurs nettement plus grands que les nôtres, a-t-il dit. Le combat était de facto inégal. Je n'ai pas à parler d'âge, il y a des instances compétentes pour cela mais j'espère qu'à l'avenir on sera plus rigoureux dans le contrôle. De toutes les manières on verra bien si la Gambie alignera ces mêmes joueurs lors du Mondial au Nigeria.» Quant au coach de l'équipe gambienne, l'Egyptien Tarek Siagi, il ne s'est pas offusqué lorsque des confrères ont émis des doutes sur l'âge de ses joueurs: «Je suis entraîneur national. On me propose des joueurs je les prends. Je ne vais pas chercher à savoir quel âge ils ont.» Cette 8e édition restera, pour l'histoire comme ayant été celle où la suspicion sur l'âge des compétiteurs a été la plus forte. Juste avant la début de la compétition, la commission médicale, sous le contrôle du Dr Jiri Dvorak, médecin-chef de la FIFA, a examiné les joueurs des 8 équipes. Il était, entre autres, question de déterminer leur âge. On doit se fier à son jugement mais il reste que les gens sont restés suspicieux. En Asie, le même problème se posait mais l'AFC, la Confédération asiatique de football, a su lui trouver une solution notamment en multipliant les contrôles. Aujourd'hui, il est rare, voire impossible, pour un footballeur de frauder sur son âge dans cette partie du monde. L'Afrique doit s'aligner faute de quoi tous les titres conquis par ses équipes seront frappés du sceau du doute.