Un désaccord de fond semble se dessiner entre Washington et Tel-Aviv sur la question-clé de la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël. Une semaine après la formation d'un gouvernement israélien de droite, des divergences apparaissent avec Washingtonsur la finalité d'un règlement de paix avec les Palestiniens au risque d'une confrontation diplomatique entre alliés. Par delà le malaise suscité par des déclarations controversées du ministre israélien des Affaires étrangères, l'ultra nationaliste Avigdor Lieberman, un désaccord de fond se dessine sur la question clé de la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël. Alors que le nouveau gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu rejette l'option de «deux Etats pour deux peuples», le président américain Barack Obama proclame très haut à quel point il lui est attaché. Pour l'heure, les deux parties évitent de hausser le ton. «Il y a certes des divergences mais pas de frictions», a assuré hier à la radio publique le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon. Cet ancien ambassadeur à Washington, député du parti de M.Lieberman, a estimé que l'administration américaine comprendrait qu'un nouveau gouvernement en Israël «se donne le temps de réévaluer sa politique, d'autant que les négociations avec les Palestiniens n'ont mené à rien en quinze ans». Dans la même veine, le chercheur Eytan Gilboa, de l'université Bar Ilan près de Tel-Aviv, écarte des «pressions américaines sur Israël», à moins qu'Obama «ne cherche à se gagner du crédit dans le monde arabe aux dépens d'Israël». En revanche, le quotidien israélien Haaretz présente hier un tableau beaucoup plus alarmiste de l'évolution des rapports entre Israël et sonprincipal allié. Il fait état à ce propos d'une campagne de l'administration Obama auprès du Congrès pour contrer à l'avance des pressions du lobby pro-israélien auxEtats-Unis. «Pour l'heure, Netanyahu et Obama se sondent mutuellement. Mais nul doute qu'on va vers une confrontation. La question est de savoir si Washington utilisera le gant de velours ou la main de fer», estime un analyste du journal, Akiba Eldar. «Netanyahu n'a aucun intérêt à une épreuve de force. Il va chercher àgagner du temps, en jouant du fait qu'Israël n'a pas d'interlocuteur crédible côté palestinien, le président de l'Autorité Mahmoud Abbas étant trop affaibli, et le Hamas qui contrôle Ghaza refusant le principe d'une paix», a-t-il ajouté. M.Lieberman a rejeté mardi les «interventions extérieures» dans la politique d'Israël, apparemment en allusion aux déclarations du président Obama. «Nous ne nous sommes jamais immiscés dans les affaires des autres. Et nous attendons des autres qu'ils n'interviennent pas dans les nôtres», a-t-ildéclaré. «J'attends des autres qu'ils donnent le temps à Israël de mettre au point un programme politique responsable et qu'ils n'aient pas un chronomètre en main», a poursuivi le chef de la diplomatie israélienne. Lundi, le président Obama avait affirmé devant le Parlement turc que «les Etats-Unis soutenaient fermement l'objectif de deux Etats, Israël et laPalestine, cohabitant dans la paix et la sécurité. C'est l'objectif que les parties concernées ont convenu d'atteindre dans la Feuille de route et à Annapolis». M.Lieberman avait choqué le 1er avril la communauté internationale en affirmant qu'Israël n'était plus lié par la conférence d'Annapolis de 2007 et uniquement par la Feuille de route, le dernier plan international d'un règlement du conflit israélo-palestinien, largement resté lettre morte. Un autre ministre, Gilad Erdan (Environnement) avait ajouté lundi qu'Israël «ne prenait pas ses ordres auprès du président Obama».