Les diplomates réunis à Genève pour la conférence sur le racisme ont finalement adopté leur déclaration finale plus tôt que prévu, dès hier, au lieu de demain. La raison est liée, à ne pas en douter, à la forte critique du président iranien contre Israël qui a provoqué la crainte des participants d'enregistrer de nouvelles défections, après celles des représentants des membres de l'Union européenne, qui ont quitté la salle lors du discours de Mahmoud Ahmadinejad, à travers lequel il a vivement critiqué Israël, en rapport à sa ligne de conduite envers les Palestiniens, et les Etats-Unis, qui ont mené une guerre contre l'Irak et l'Afghanistan, les assimilant à des nations prônant le racisme. Ce retrait est venu s'ajouter au boycott des Etats-Unis, Israël, le Canada, l'Allemagne, l'Italie. A l'ouverture de la conférence, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a exprimé son profond regret au boycott de la réunion. Le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU, M. Idriss Jazaïry, a également déploré le boycott de ce rendez-vous onusien par certains pays riches, soulignant que celui-ci «témoigne d'une réticence de ces derniers à défier directement le racisme dans leur propres sociétés ou à affronter ses conséquences sur les pays précédemment colonisés». En allusion à l'absence des Etats-Unis de cette conférence, il a relevé que ce pays a administré aux participants «la preuve la plus éclatante de sa réussite sur le terrain dans la lutte contre le racisme», les «privant ainsi, d'un message exaltant d'espoir». M. Jazaïry a également relevé une autre «frileuse réticence», celle du «refus de ratification par des pays riches de la Convention pour la protection des travailleurs migrants et de leurs familles». Pour le diplomate, «boycotter collectivement le multilatéralisme, c'est boycotter ‘‘la tolérance à vivre en paix d'un avec l'autre''», en citant le préambule de la charte des Nations unies. «C'est le faire doublement lorsqu'il s'agit d'une conférence de lutte contre le racisme», a-t-il dit, ajoutant que depuis la Seconde Guerre mondiale, même durant la guerre froide, cette «ligne rouge» n'avait pas été franchie «pour éviter les funestes conséquences d'un effondrement du multilatéralisme». M. Jazaïry, qui a expliqué que la participation de l'Algérie à cette conférence était dictée par «le souci de recherche de consensus et non de confrontation», a rappelé qu'elle a pris part à la mise au point du document final de la rencontre qui «a été expurgé de tous les sujets qui fâchent les pays riches». Le représentant de l'Algérie a rappelé par la suite la politique extérieure de l'Algérie de soutien aux peuples sous domination coloniale ou étrangère qui s'inscrit dans le prolongement de ses priorités internes. Il a ajouté que, face aux pillages des ressources naturelles des territoires occupés par des nations «qui se disent démocratiques et respectueuses de la dignité humaine», les Nations unies «doivent promouvoir des mesures plus hardies en vue de l'élimination rapide de ces pratiques prédatrices et attentatoires aux droits des peuples, une des formes économiques les plus abjectes de racisme». Dans ce cadre, il a également qualifié d'«abjecte», l'arrogance raciste ayant conduit tout récemment, à un nouveau massacre, cette fois à Ghaza, d'un millier de civils, femmes et enfants compris, que «les incidents de la cérémonie d'ouverture de cette conférence ne réussiront pas à occulter». Il a appelé, enfin, à faire échec «aux manipulations d'inspiration raciste visant à discréditer le multilatéralisme après avoir tenté en vain de transformer le document final de la conférence en un document final du révisionnisme des positions en engagements de Durban».La purge du document de la conférence de Durban des «sujets qui fâchent» est un nouvel échec de l'ONU qui semble, encore une fois, prise en otage par le «veto» de ceux qui gouvernent le monde. Ces derniers se sont «fâchés» car, des pays arabes ont osé dénoncer le crime contre l'humanité commis par Israël sur la bande de Ghaza. Mais ces mêmes pays ne se sont pas fâchés à la vue de Ghazaouis qui enterraient leurs enfants tués sous les raids de l'armée sioniste. Il est clair que chacun voit les choses sous l'angle qui l'arrange et qu'une conférence contre le racisme, censée unifier le monde autour de cette valeur commune, a confirmé, encore une fois, que les plus forts promulguent les lois et les piétinent en exigeant leur respect par les plus faibles. H. Y.