L'inquiétude sur le devenir de l'outil de production est grande dans ce contexte de crise. Les effets de la crise économique sur les secteurs productifs sont diversement appréciés par les économistes. Selon Hocine Amer Yahia, consultant et ancien directeur en charge de la mise à niveau des entreprises au ministère de l'Industrie, c'est carrément la disparition du tissu industriel qui pointe à l'horizon. Le jugement de Lachemi Siagh, directeur général du cabinet d'études Stratégica est plus nuancé. «Il n'y a pas lieu de parler de disparition du tissu industriel mais seulement de sa régression», a-t-il indiqué. Nos deux interlocuteurs n'ont pas jugé utile de s'attarder sur la question des chiffres. Ils n'ont donc pas commenté la baisse du taux de croissance du secteur de l'industrie, qui est passée de 2,5% en 2005 à 0,8% en 2007, contre 10% pour l'agriculture, préférant situer leur analyse dans un cadre plus global. D'ailleurs, selon Siagh l'industrie ne sera pas le seul secteur à souffrir de la crise. Il cite entre autres ceux des services, de l'agriculture et des travaux publics. Un manque à gagner en matière de croissance sera aussi enregistré dans le domaine des hydrocarbures. Ce spécialiste n'hésite pas à prévoir un recul du volume d'exportation des hydrocarbures, ce qui ne manquera pas d'être accompagné par des effets négatifs sur les recettes en devises de l'Algérie. Cet écart s'ajoute à celui enregistré à cause du recul des prix des hydrocarbures et il faut donc conjuguer les deux effets pour aboutir à une meilleure vision sur les conséquences de cette crise sur ce secteur important. Toujours à propos de l'industrie, Amer Yahia estime que son apport dans la croissance est très faible. Pour parvenir à cette conclusion, il se base sur une comparaison avec les autres activités. Selon lui, le dynamisme de l'activité des services, de l'agriculture et des travaux publics est de loin plus important que celui enregistré par l'industrie. Les hésitations dans l'adoption d'une stratégie industrielle ne fait qu'ajouter des motifs de pessimisme vis-à-vis de cette activité. L'outil de production est alors lassé à une situation de quasi-abandon comme en témoigne la vétusté des usines. En tout état de cause, des prévisions de croissance revues à la baisse ne feront qu'accentuer la propension à la réduction de la production des richesses, ajoute de son côté Lachemi Siagh. Ce sera alors la porte ouverte à la réduction des opportunités de création d'emplois et à celle de rareté des revenus des ménages. La tendance ne peut être renversée que si de nouveaux investissements sont réalisés. Dans ce domaine, hormis les grands projets déjà lancés par les pouvoirs publics, ces derniers n'entendent pas inscrire de prévisions pour les nouvelles dépenses. Du côté du secteur privé, le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens, Habib Yousfi, nous a signalé que plusieurs conditions doivent être remplies afin d'aspirer à extirper le secteur productif de sa léthargie. L'information, la facilitation, l'accompagnement des investisseurs et la concertation avec tous les acteurs, notamment les autorités locales constituent les principales revendications mises en avant. Pendant un certain temps, la tendance était de soutenir que les prévisions de maintien de la croissance autour de 5% étaient à la portée de l'Algérie. Or, des rapports d'instances internationales ont divisé ce chiffre par deux, apportant ainsi un démenti aux déclarations selon lesquelles le pays était épargné par la crise. Le taux de croissance nécessaire pour entamer une décrue décisive et durable du chômage est estimé à plus de 7% l'an.