Quels sont les résultats en matière de lutte antiterroriste? Quel est le nombre de sanguinaires qui activent encore dans la région? Enquête. En dépit de «l'étanchéité» entourant l'information sécuritaire, nos investigations reviennent avec une certitude : les derniers attentats commis à Médéa sont un sursaut d'agonie des terroristes. Quels en sont les indices? Cette question nous amène inévitablement à parler du nombre de criminels et obédiences cartographiés à travers la région. Pour mémoire, et en procédant à nos propres recoupements, quelque 1000 éléments du parti dissous ont pris le maquis durant cette dernière décennie, sous une obédience hégémonique: le MIA dirigé par l'émir Attia Sayah entouré de neuf chefs de zones avant l'éclatement de cette organisation en plusieurs groupes sous la bannière du GIA. Les plus importants bras de l'hydre furent ceux de Sayah Attia (une quarantaine de tueurs spécialisés dans l'arme blanche) et divisés en groupuscules de cinq; de Abdelkader Bouteldja (une centaine de terroristes) activant sur l'axe Bouchrahil-Sidi Naâmane; de Djamel Kara (100 à 150 individus) dont la zone de prédilection comprenait Rébaïa-Ouled Daïa-Sidi Nadji-Berrouaghia; celui de Bensalem (30 à 40 criminels) opérant entre Ouzera et Benchicao; de Dhiab (130 terroristes) opérant entre Chellalat-Adhaoura et Aïn Boucif. Nous ne parlerons pas des deux katibate de Abdelkader Saouane (84 éléments) qui, dès 1993, ont évolué à distance du GIA sur les massifs de Derrag (sud-ouest de Médéa). L'équipée sauvage du GIA fera 3000 victimes, des dégâts matériels estimés à 120 milliards de dinars et poussera 40.000 ruraux aux portes des chefs-lieux des communes. Au total, 1 332 attentats dont 378 faux barrages recensés entre 1992 et 2001 avec un pic de 139 assassinats durant la seule année 1997. A l'autre pôle, les résultats de la lutte antiterroriste furent appréciables: 530 terroristes éliminés dont des émirs très dangereux comme Sayah, Bouteldja, Kara, 81 autres arrêtés, 740 armes récupérées, 660 bombes et grenades neutralisées, des ateliers et des casemates détruites, des réseaux entiers démantelés. Autre indice qui milite en faveur de la déroute des terroristes : la baisse sensible des attentats: 68 actes, pour le 1er semestre 2001 contre 4 pour l'année en cours. L'utilisation des bombes enregistre, elle aussi, une baisse spectaculaire de 93% rapportée à la période meurtrière 1993-1995, au même titre que les faux barrages grâce à l'affûtage de la stratégie antiterroriste par les forces combinées. Pour revenir au nombre de terroristes, ils seraient actuellement entre 20 et 25 du GIA, et 40 sous la bannière du Gspc. Une autre question, et non des moindres, y-a-t-il ou non de nouveaux recrutements? Car il faut se rendre à l'évidence, le réseau de soutien démantelé il y a un an à Ksar El-Boukhari et les communiqués affichés dans la même ville, portant signature de Hassan Hattab, supposent qu'un second cercle active dans une « immersion» totale. On raconte çà et là que les terroristes ayant échappé à la traque de 1992-97 tentent, par «caméléonage», de racler les fonds de la misère sociale pour relancer un «djihad» devenu le contrepoint du crime organisé, de l'argent et de la drogue. Le racket des populations a, dit-on, permis aux seigneurs des maquis et à leurs sponsors d'amasser des fortunes colossales entourées de toutes les précautions pour être injectées dans des activités commerciales. En prêtant une oreille attentive à ce qui se dit dans la région de Médéa, une nouvelle race de rupins se serait constituée dans le sang de 3000 victimes.