La réactivation des réseaux urbains des GIA en a laissé perplexe plus d'un. Un important contingent des forces de sécurité (gendarmerie, garde républicaine et police) sillonnait, avant-hier, la forêt de Baïnem. Des sources ayant fait état dans ce parc de détente d'éléments suspects. Le miniratissage n'a abouti à aucune arrestation, mais il a eu le mérite de sécuriser les lieux et d'apaiser les appréhensions des riverains. Hier, aussi, à Sidi Fredj, à Staouéli, à Cheraga et à la périphérie est d'Alger, on a remarqué une présence discrète mais accrue de policiers, qui patrouillaient dans les marchés et les lieux publics, à la recherche de visages suspects ou de paquets douteux. Selon des sources sûres, le renforcement des mesures de sécurité dans et autour de la capitale répond aux dangers qui semblent se dessiner après la série d'attentats perpétrés dernièrement à ses portes.La réactivation des réseaux urbains des GIA en a laissé perplexe plus d'un. A commencer par le général-major Fodil Cherif, qui avait parlé, au lendemain du massacre de Khraïcia où douze personnes avaient été assassinées, de trois terroristes uniquement, fichés, connus et reconnus, qui sillonnent encore les villages à la périphérie d'Alger. Toutefois, les informations plaident en faveur d'un nombre plus important d'activistes du GIA. Peut-être deux groupes de 2x4, comme semblent le confirmer les deux derniers massacres (Khraïcia et Zéralda). Au milieu d'une profusion d'interrogations qui se posent à longueur de lignes, il y a au moins des certitudes. Pire que les histoires anecdotiques de Khaled «el fermache» et le «manchot», ce sont surtout les nouveaux desperados qu'il faudrait prendre en compte. Non fichés, non répertoriés, méconnus des services de sécurité, ils travaillent comme des «électrons libres». Même l'émir national des GIA ne peut, à un certain moment, connaître la liste exhaustive de tous ses éléments. Ceux-ci «travaillent» en soutien, en retrait, et de connivence avec uniquement l'émir de quartier, dans un cadre limité dans l'espace et le temps. D'où l'impossibilité quasi établie de cerner les effectifs des réseaux urbains. Toute cellule dormante peut se déclencher et devenir active à tout moment. Avant d'entrer en hibernation. C'est cela le véritable casse-tête des services de sécurité. Autre certitude: nous sommes bel et bien en face de nouvelles recrues. Le profil jeune, discret, vif, efficace et dextre a remplacé la mine renfrognée et l'accoutrement bizarre. Les règles de base d'un bon camouflage en milieu urbain sont méticuleusement respectées. Autre chose: les mêmes zones-crise qui ont alimenté le terrorisme hier, continuent à le faire aujourd'hui. Avec ceci, en prime: aujourd'hui, il est plus difficile encore de les cerner, eu égard aux mutations qui ont transformé le djihad en guérilla urbaine et qui ont remplacé les kamis, barbe et siwak par les jean's, Reebook et casquette. L'été dernier, comme auparavant encore, nous avons assisté à un deversement des GIA sur le littoral. Le Gspd, de Abdelkader Saouane, transite, via Khemis Miliana, vers Ténès et pousse jusqu'aux monts du Chenoua. Les GIA, par le biais de leurs prolongements urbains, investissent Aïn Tagouraït, Zéralda et Alger, par petite cellule de trois à quatre éléments. Le relâchement de la vigilance de la part des citoyens, mais aussi - et principalement - des services de sécurité, a eu un effet pervers, et a permis aux GIA de revenir: non pas sur la pointe des pieds comme par le passé. Mais, cette fois, en force.