Réduite presque à néant, cette organisation criminelle n'a plus la capacité de commettre des attentats kamikazes. Dépassée et acculée de partout par les forces combinées de sécurité, Al Qaîda au Maghreb islamique semble vouloir dépasser sa déchéance. Cette organisation, dont les dirigeants ont pris déjà en 2007 la résolution de se mettre sous tutelle d'Al Qaîda mère, renouvelle son allégeance à cette même organisation transnationale du crime et jure de lui obéir au doigt et à l'oeil à travers un communiqué accompagné d'un enregistrement audio diffusés sur un site Web islamiste. En outre, Aqmi annonce clairement la création pour la première fois au sein de son organigramme d'une nouvelle structure appelée la commission politique. Ainsi, les attentats kamikazes et à l'explosif en milieux urbains, le recrutement à tour de bras de terroristes étrangers et les prises d'otage de touristes pour obtenir des rançons, montrent-ils la transmutation radicale d'Aqmi sur tous les plans. Toutefois, cette nouvelle commission sera, principalement dans la mission qu'on lui a assignée, l'interlocutrice des pays occidentaux, selon ce document produit vraisemblablement par la commission de communication mais ne portant inhabituellement pas de signature. L'enregistrement qui s'ensuit tente de confirmer l'alignement irréversible d'Aqmi sur le mode opératoire et les techniques d'Al Qaîda mère et visant à justifier ses attentats kamikazes commis récemment. Aussi Aqmi annonce-t-il la désignation à la tête de cette commission du sinistre Ahmed Daghdagh, cet ex- chargé des finances d'Aqmi qui aurait des velléités de se rendre selon des sources sécuritaires. Agé de 42 ans, cet élément des plus anciens et activiste des plus dangereux a fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par Interpol en octobre 2008 et auparavant, soit en mai 2008, le Trésor américain avait gelé ses avoirs et ceux de ses trois acolytes déposés auprès des banques étrangères. Il s'agit de Salah El Kassimi alias Mohamed Abou Salah, responsable de la cellule d'information, âgé de 38 ans, Djouadi Yahia, alias Abou Aamar, âgé de 42 ans et chargé du soutien logistique au niveau de la zone Afrique du Nord et Hamadou Abed, alias Abdelhamid Abou Zaïd, âgé de 44 ans et vice-émir de la katibet Tarek ben Ziad ayant été derrière l'enlèvement de deux otages autrichiens l'année dernière. Toutefois, quelques sources mettent sur le compte d'Ahmed Daghdagh la planification des attentats kamikazes perpétrés récemment en Algérie. Ce dernier serait même le négociateur en chef dans l'affaire des deux otages autrichiens. En procédant ainsi, Droukdel, qui fait face à une concurrence rude, aurait visé la récupération de Daghdagh sur le point de se rendre, à l'instar de l'ex-émir d'El ansar et du coup couper l'herbe sous les pieds de Kassimi comptant parmi ses détracteurs, selon quelques observateurs. Par ailleurs, il est relevé que la restructuration d'Aqmi se fait plutôt au forceps sachant que la suspicion et le renoncement règnent au sein de cette organisation depuis les trois dernières années. Cela a contraint Droukdel à utiliser la carte des désignations de ses proches aux postes-clés et intermédiaires. Rappelons que cette organisation a perdu durant la période 2007 -2009 plus de 250 activistes dont une vingtaine d'émirs.
