Près de 15.000 enfants privés de famille ont été pris en charge dans le cadre de la kafala en Algérie. «Une société se juge aux soins, à la protection, à l'éducation qu'elle apporte à ses enfants, à ce qu'elle sait leur donner de paix, de sécurité, de projets et même de rêves pour leur avenir.» Telle a été la vision de M.Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, lors du séminaire organisé, hier, autour des systèmes de protection de l'enfance. M.Ould Abbès a insisté, longuement, sur l'urgence qu'il y a à tendre une main bienveillante aux enfants en danger et à être en permanence à leur écoute. Pour ce faire, il a exhorté tous les secteurs concernés à apporter leur contribution à la conception et à la construction d'un nouveau système pour la protection de cette frange de la société, au demeurant assez vulnérable. Il s'agit de l'implication des acteurs de la Justice aux côtés de la Solidarité nationale. Le rôle des parents n'est pas en reste. Leur responsabilité dans la protection de l'enfance est d'autant plus prononcée. Donner sa primauté à l'action éducative contribue, également à protéger l'enfant. Le ministre a souligné que «ce sont là les jalons du système que nous voulons "dé-judiciariser"». La maltraitance, les carences ou la simple négligence sont autant de maux à éradiquer. Selon les spécialistes en la matière, ils ne ruinent pas seulement une vie d'enfant, mais aussi toute une vie d'adulte. Ces maux auront, d'ailleurs, des répercussions familiales et sociales qui peuvent durer encore longtemps «après que l'on ait mis, matériellement, fin à ces situations». En marge de son allocution, M.Ould Abbès a tenu à dégager les axes de la nouvelle réforme. Ainsi, il sera question de développer l'Observatoire national algérien de l'enfance en danger (Onaed), de donner une part importante au développement de la prévention, et ce, avec le concours des services de la santé, notamment la médecine scolaire. A ce sujet, le responsable a expliqué que les missions de la protection de l'enfance, jusque-là ambiguës, seront clarifiées. Ce qui permettra de mettre en oeuvre, dans les délais fixés par la loi, les visites et les examens médicaux systématiques prévus par la réglementation. Enfin, la réforme porte sur une meilleure coordination de l'action de la justice et des directions de l'action sociale (DAS). Pour ce faire, le renforcement du dispositif «d'alerte et de signalement et la création, dans chaque wilaya, de cellule de veille permanente» est indispensable. Le mot d'ordre est d'améliorer, également, les modes d'intervention auprès des familles et diversifier les modalités de prise en charge des enfants. Cette dernière action ne se fera pas sans l'introduction de nouvelles prestations comme «l'accompagnement en économie sociale et familiale, en plus des accueils de jour ou des accueils périodiques». L'organisation de service de l'Aide sociale à l'enfance et aux familles (Asef) au niveau de chaque DAS a été mise en exergue. Cela s'accompagnera avec l'initiation des professionnels, dans leur formation, à articuler leurs interventions avec les institutions sociales et judiciaires. Enfin, le dernier axe de la réforme se base sur une évaluation optimale de l'impact de la réforme du système. En outre, le ministre a affirmé que près de 15.000 enfants privés de famille ont été pris en charge dans le cadre de la kafala en Algérie. «Sur les 30.000 enfants privés de famille durant les dix dernières années, dont des enfants nés hors mariage, près de 15.000 ont été pris en charge dans le cadre de la kafala par des familles en Algérie et plus de 2000 autres par la communauté nationale à l'étranger», a déclaré M.Ould Abbès en marge de la rencontre sur le système de la protection de l'enfance. Il a ajouté que l'Etat prend en charge le reste de cette catégorie de la société au niveau des centres spécialisés, soulignant qu'il s'agit d'enfants présentant un handicap congénital.