Dans la circulaire Ouyahia, il n'était pas spécifiquement indiqué que le secteur financier était concerné. A l'avenir, les banques à capitaux étrangers ne seront pas autorisées à s'installer en Algérie sans associer des partenaires locaux. C'est ce que nous a indiqué hier Djamel Bessa, président de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef). Cette déclaration a été faite en marge des travaux du Forum international des finances qui s'est tenu à l'hôtel Aurassi. Jusqu'à présent, il y avait un flou sur le champ d'application de la circulaire prise par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en décembre dernier. Il n'était pas spécifiquement indiqué que le secteur financier était concerné par une disposition de cette circulaire obligeant les étrangers à associer dans le capital de leurs entreprises les investisseurs nationaux à hauteur de 51%. Avec cette précision du président de l'Abef, le doute est désormais levé au moins sur ce volet car il est désormais clair que ce n'est pas seulement le secteur industriel qui est soumis à cette réglementation. Il ne reste plus qu'à savoir si un amendement de l'ordonnance de 2003 sur la monnaie et le crédit devrait être impérativement opéré ou non. Selon Bessa, «il y a des adaptations à faire». Plus de précisions ont été sollicitées auprès de Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Abef. Selon ce dernier, il suffirait qu'un «règlement» de la Banque d'Algérie soit pris pour que les dispositions de la circulaire Ouyahia deviennent applicables dans le secteur des finances mais sans effet rétroactif. Les deux responsables estiment en effet que les banques sont des entreprises comme les autres et que c'est pour cette raison qu'elles sont soumises à la même réglementation. Néanmoins, il faut savoir que les banques ne sont pas des entreprises comme les autres car elles appliquent une législation spécifique au secteur et leurs gestionnaires ne se contentent pas de se référer au Code du commerce. Certaines banques arabes désirant s'installer en Algérie ont délégué hier leurs représentants pour assister à ce forum et nous leur avons demandé leur avis sur la réglementation algérienne en matière d'investissement. Ils ne semblent pas du tout effrayés par ces nouvelles dispositions. Les institutions présentes étaient la Banque marocaine du commerce extérieur (Bmce) et Abu Dhabi islamic bank (Adib). Cette dernière est liée à un fonds souverain d'investissement créé par les responsables des Emirats arabes unis, nous a indiqué Raïf Moketar Karroubi, son directeur chargé de la stratégie et de la planification. Il a assuré que les entrepreneurs étrangers qui basent leurs investissements sur une volonté réelle de participer au développement de créneaux solides ne seront pas rebutés par ce genre de mesures. D'ailleurs, le responsable du secteur lié à la chariâ auprès de la banque, qui est en même temps son directeur exécutif, Osaïd Mohamed Adib Kailani, s'est montré très optimiste sur les opportunités qui s'offrent à cette institution dans le domaine de la finance islamique. La demande d'installation de cette banque est récente et celle-ci ne date que de décembre 2007. Ce n'est pas le cas pour la Bmce qui attend son agrément depuis cinq ans. C'est ce que nous a confirmé Rouggawi Khalid, chargé d'études auprès de cet établissement. Selon lui, malgré le durcissement de la réglementation, la volonté de la banque à être présente en Algérie est toujours aussi forte. Par contre, les choses se compliquent davantage pour le projet de création d'une banque maghrébine mais c'est pour des raisons liées plutôt à la nature de ses capitaux et non à la législation algérienne. Mohamed Rachid Larbi, secrétaire général de l'Union des banques maghrébines, nous a expliqué qu'à l'origine ce projet devait voir l'apport de capitaux souscrits à travers des banques publiques. Mais depuis 10 ans, le contexte a changé et les gouvernements des pays de l'UMA sont enclins à la recherche de capitaux privés qu'ils n'ont toujours pas trouvés. Sur un autre chapitre, il est à retenir que le délégué général de l'Abef, Benkhalfa, a affirmé que les banques algériennes financent de plus en plus les projets qui sont portés par les jeunes ou par les grandes entreprises. A une question sur l'importance des liquidités des banques et les demandes croissantes en financement, qui ne cessent d'affluer auprès d'elles malgré les efforts qu'il a rappelés, ce responsable a précisé que le crédit est une opportunité pour la banque et non une obligation.