L'Expression: Quelles sont les préoccupations des citoyens? Mohamed Boukhetouche: Elles sont les mêmes que celles de la majorité des communes. Cependant, il en est des préoccupations spécifiques. Imaginez le marasme vécu par la jeunesse d'une commune dépourvue d'infrastructures culturelles, sportives, d'un centre de formation et d'espaces de détente. Imaginez l'oisiveté régnante dans une localité sans aucune entreprise économique pour créer de l'emploi. Ajoutez à cela l'aspiration à des structures de santé de premiers soins, au gaz de ville, à un lycée... Les deux soucis majeurs sont toutefois le travail et le logement. A ce sujet, nous avons 500 demandes d'aide à l'autoconstruction non satisfaites. On ne demande pas à l'Etat des logements ou des terrains mais, seulement de l'aide pour construire, nous-mêmes. Quel diagnostic faites-vous des plus grands problèmes que vous rencontrez dans la gestion? Nous manquons de crédits pour, l'acquisition d'assiettes foncières et enregistrons des retards et lenteurs des projets sectoriels face à l'énormité des besoins légitimes des citoyens. Nous avons des difficultés dans le recrutement du personnel. L'élu local est réduit à un rôle de pompier qui le place entre l'enclume et le marteau. Il est impuissant face aux différents problèmes. On ne lui fait appel que pour lever les oppositions et gérer le marasme alors que les décisions importantes sont prises à un niveau supérieur, sans être consulté et parfois contre sa volonté. Nous avons aussi hérité des problèmes des précédentes gestions. Avec tout le respect que je dois aux anciens maires, ils ont géré les situations, au jour le jour, sans se soucier des vrais problèmes, encore moins de jeter les jalons d'un développement durable. Actuellement, nous héritons d'un personnel alors que les ingénieurs sont plus nombreux parmi les élus. Ajoutez à cela le problème du foncier. Que préconisez-vous? Un fait très significatif: le nombre d'habitants de la commune en 2008 est inférieur à celui de 1998. Il est inconcevable de songer à créer une zone d'activité dans une localité qui n'a même pas un stade de football. Aussi, en priorisant les besoins, nous avons directement entamé la réalisation d'un nouveau siège de la mairie. Nous avons aussi recruté une vingtaine de travailleurs. Nous avons créé une commission communale chargée de trouver une solution définitive au lourd dossier du foncier. Dans la prochaine phase, nous nous attellerons à la réhabilitation du marché hebdomadaire, à la réalisation d'un stade de football, d'un lycée, d'un centre culturel, à l'alimentation en gaz de ville de tous les villages. Que pensez-vous de la situation actuelle de l'élu local? La réalité du terrain ne lui permet pas d'exercer ses prérogatives que lui reconnaît la loi. L'absence de moyens, la lenteur des procédures rendent caducs ses pouvoirs. Il y aussi l'inadéquation du Code communal qui limite les prérogatives des assemblées. Le maire ne bénéficie d'aucune protection juridique. Il n'a droit de regard ni sur les projets sectoriels ni sur les infrastructures implantées sur son territoire. Enfin, il serait aussi hypocrite de ne pas évoquer le statut pécuniaire du maire. Avec un salaire inférieur au Snmg, peut-on exiger de lui un rendement satisfaisant? N'est-ce pas au contraire une invite à d'autres formes de rémunérations illicites et dommageables à la collectivité?