150.000 postes d'emploi supprimés, baisse de 25% des recettes touristiques, baisse des exportations de 18% au 1er trimestre et des transferts MRE, textile et équipement automobile dans la tourmente. Débarquée de l'Atlantique, la crise économique s'installe au Maghreb. L'économie marocaine est au rouge. Suppression de poste d'emploi, baisse des recettes touristiques, décroissance des chiffres d'investissements directs étrangers, baisse des exportations et déstabilisation des secteurs de l'équipement et de l'automobile, la fermeture des agences bancaires ainsi que le blocage dans l'octroi des crédits, de consommation notamment, sont les premières retombées de la crise économique mondiale sur l'économie marocaine durant le premier trimestre de l'année en cours. Des sources font état de 150.000 emplois supprimés dans le seul secteur du textile. Le tourisme peine à son tour. Une baisse de 25% des recettes touristiques a été enregistrée. Idem pour les transferts des MRE (Marocains résidants à l'étranger). En outre, le secteur du tourisme souffre d'un grand retard d'investissements des projets dédiés à doter le pays de zones touristiques. Pour l'équipement, le Maroc risque d'annuler son projet de TGV (train à grande vitesse). Idem pour le secteur de l'automobile, car le constructeur automobile français, Renault, n'arrive toujours pas à installer son usine de Tanger. D'autres sources rapportent que les banques accordent peu de crédits pour la création d'entreprises à caractère industriel. Les mêmes sources soulignent que les banques traitent de moins en moins les dossiers de crédits à la consommation et ceux pour l'acquisition d'un bien immobilier. A ce sujet, on vient d'annoncer la fermeture de plus de 200 agences bancaires à travers le territoire marocain. La Bourse marocaine a diminué de son activité. Zouhaïr Chorfi, directeur du Trésor et des finances extérieures marocaines, a expliqué que la crise au Maroc s'installe à travers les données évoquées plus haut. Et le même responsable de révéler que le déficit se chiffre à -5,8% du PIB. «Ce compte courant de la balance des paiements est constitué des transferts des MRE, des recettes de tourisme. Deux postes qui ont marqué le pas en 2008 avec des reculs respectifs de 4 et 5%. En outre, il y a également l'aggravation du déficit commercial qui est passé à 166 milliards de DH en partie à cause de la hausse de la facture énergétique (50 milliards de DH en 5 ans). De plus, les exportations marocaines, hors OCP, ralentissent leur rythme de croissance à 2%.» M.Chorfi relève d'autres signaux de la propagation de la crise au Maroc. «La ponction de 11 milliards de DH des avoirs extérieurs à cause de la revue à la baisse de la prévision d'importation de biens et services à 6,5 mois (au lieu de 8 mois auparavant). Autre impact, la baisse des transferts de MRE qui se traduit par un recul sensible de 15% à pas plus de 3 milliards de DH durant les trois premiers mois de l'année. Idem pour les recettes touristiques qui se replient de 20% au cours du 1er trimestre». Le même responsable avance, également, que le rythme des exportations s'est replié de 18% au 1er trimestre. Les avoirs équipementiers automobiles se sont repliés de 40 à 50%. Conscients du grand danger que constitue la crise sur l'économie nationale, les pouvoirs publics marocains tentent de «camoufler», selon la presse locale, les conséquences directes de la crise sur la vie quotidienne du citoyen marocain. D'ailleurs, les journaux marocains annoncent la tenue de «plusieurs» sommets interministériels. L'objectif est de trouver les mécanismes nécessaires pour freiner la crise de sorte que ses retombées ne soient pas ressenties sur l'immédiat par les citoyens. Dans le cas contraire, ce serait une véritable tragédie pour un pays déjà déstabilisé sur le plan social et fragilisé sur le plan économique mais qui entame une course effrénée vers l'armement. En effet, le Maroc a alloué pour l'année 2009 une enveloppe budgétaire de 10,2 milliards de dirhams (1 milliard de dollars) pour l'acquisition de divers armements. Cette enveloppe représente 4,6% du PIB et 10% du budget global réservé aux fonctionnements et aux équipements. Tandis que la masse salariale des fonctionnaires de l'armée avoisine les 14,944 milliards de dirhams, soit le deuxième budget du Royaume après celui des fonctionnaires de l'Education.